Mission Commune d’Information

Dogmatique ?

Le sens des mots !

mardi 12 novembre 2013, par Hélène Lipietz, Aurélien Vernet, Maïeul Rouquette

Dans le « rapport de mission commune d’information sur l’avenir des collectivités territoriales », dont j’étais vice-présidente, un paragraphe nous a particulièrement fait tiquer !

Voir en ligne : Rapport de la mission commune d’information

une accusation grave

La position des écologistes que j’ai soutenue depuis un an quant à la réorganisation territoriale est la simplification du mille-feules organisationnel de la France, en supprimant les départements.

Voici donc la réaction de mes collègues :

« Or, les éléments recueillis par les membres de la mission d’information soulignent majoritairement le rôle indispensable du département en milieu rural, et démontrent que l’évidence de sa suppression découle d’une analyse dogmatique et infondée, reposant sur l’idée que cette structure serait périmée parce qu’ancienne. Tout au contraire, l’enracinement historique du département lui confère sa légitimité. « Il n’est pas utile de repenser aujourd’hui les départements, car les structures anciennes ont toujours une vraie pertinence », a précisé le démographe Hervé Le Bras, tandis que le directeur du quotidien « Le Bien public », Christophe Mahieu, constatait que « l’attachement au département reste une réalité profonde ».

être ainsi traitée de dogmatique m’a fait tiquer... et j’ai demandé à mon théologien de fils d’étudier la question. Voici sa réponse

la réalité du dogmatisme

 LA dogmatique est une sous branche de la théologie systématique (qui comprend également la philosophie et l’éthique) qui à partir d’affirmations centrales de la foi chrétienne (typiquement : « Dieu se révèle en Jésus-Christ ») essaye de construire une vision du monde. Exemple de question que traite la dogmatique :
 Quelle est la nature de Dieu ?
 Que signifie l’homme à l’image de Dieu ?
 Qu’est-ce que le péché, le salut ?
 Quel est le rôle d’Israël ?
 Pourquoi un seul Dieu et plusieurs religions ? etc.

Dans les questions de base de la dogmatique se pose « comment construire une dogmatique » : quel rôle pour l’Écriture, pour la tradition, le magistère, comment prend on en compte les apports des ≠autres sciences etc.

Notons qu’on pourrait très bien appliquer cela en politique :
 La dogmatique communiste partira de « la lutte des classe est le moteur de l’histoire ». Les enjeux seront alors comment aboutir à une société sans classe.

 La dogmatique libérale : « la libre organisation de l’économie est la meilleur manière d’atteindre le bien commun ». Les enjeux seront comment aboutir à une économie réellement « libre ».

 La dogmatique écolo : « les relations des hommes entres eux ne peuvent se comprendre sans les relations des hommes avec leur écosystème ».

 La dogmatique socialiste « quand la gauche perd, c’est la faute aux autres partis, quand elle gagne c’est grâce au PS ». L’enjeu sera alors de convaincre les autres partis de gauche que le PS est à gauche et qu’eux seuls peuvent gagner les élections.

Notes qu’une bonne dogmatique part certes des affirmations centrales mais essaie aussi de composer avec la réalité qui se présente sous les yeux. Par exemple la question de la relation salut / foi s’est posée de manière nouvelle avec la découverte de civilisation inconnue, et où donc les missionnaires chrétiens n’ont jamais pu arriver.

 Un dogmaticien est un spécialiste de la dogmatique.

 Une personne dogmatique est une personne qui confond la réalité du monde avec la manière dont il se la représente (en ce sens, tout le monde est ± dogmatique). Et qui par conséquence ne tiendra pas compte des nouvelles réalités du monde pour construire sa dogmatique.

Un dogme peut avoir deux sens différents :

 En théologie catholique conservatrice c’est une vérité à croire pour adhérer à la religion catholique. Ex : l’infaillibilité pontificale est un dogme, pas le célibat ecclésiastique.

 En théologie protestante c’est une proposition de compréhension du monde à partir de l’affirmation centrale.

A dogmatique, dogmatique et demi

Je reprends la main pour conclure en faisant remarquer que nous, les écolo, nous partons d’une réalité que tout le monde connait : la complexité de l’organisation territoriale française, source de méconnaissance citoyenne, de surcoût et sans doute de perte d’efficacité pour proposer de supprimer un échelon, moins ancien que les communes et moins pertinent que les régions au niveau européen, le département. Est-ce une position plus dogmatique que de prétendre, comme dans le rapport, que l’enracinement historique du département lui confère sa légitimité ?

Depuis quand l’enracinement historique est une preuve d’efficacité ? avec un tel raisonnement on comprend que le Sénat a pendant si longtemps refusé le droit de vote aux femmes... et continue de trouver que les Femmes sont des gadgets !

Forum

1 Message

  • Dogmatique ? date forum, par La fille ainée

    J’aime beaucoup le dogme socialiste !