Question écrite

Création d’un poste de référent de l’instruction en famille

dimanche 4 mai 2014, par Hélène Lipietz, Emmanuelle Orvain

Mme Hélène Lipietz appelle l’attention de M. le ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche concernant la création d’un poste de référent de l’instruction en famille.

Voir en ligne : La question écrite, sur le site du Sénat

En effet, les familles pratiquant l’instruction à domicile sont fréquemment confrontées à des problèmes concernant leurs droits et devoirs. à€ l’heure actuelle, elles s’en remettent aux associations qui les fédèrent. Mais ces dernières n’ont pas toujours la réponse à leurs questions.

Ainsi, il est souhaitable de créer un poste de référent de l’instruction en famille par académie. Sa formation serait axée principalement sur l’instruction à domicile et il répondrait aux questions légales des droits, devoirs et obligations des familles, garantirait l’aspect pédagogique en établissant une relation de suivi et d’accompagnement des familles. Il deviendrait la passerelle entre les différentes parties prenantes impliquées : familles, associations, inspecteur académique, rectorat, »¦

Elle lui demande de se saisir de ce dossier afin de déterminer les contours des missions de cet intermédiaire très spécifique.

Forum

1 Message

  • Je vous remercie d’avoir posé des questions au sujet de l’instruction en famille. J’ai appris qu’elles avaient été rejetées du fait de la fin de votre mandat. Dommage, mais peut-être seront-elles reprises par l’une ou l’un de vos collègues »¦.

    Je me permets néanmoins d’attirer votre attention sur les points suivants :
     Les familles se déclarent chaque année à la mairie de leur lieu de résidence. De cette obligation découle une enquête de la mairie tous les deux ans. Au vu des retours des familles, il ressort que les a priori d’une partie du personnel communal nuit à une évaluation sereine et conforme à la loi, de cette pratique éducative.

     Le déroulement du contrôle de l’instruction par le personnel académique. Dans ce registre,une formation des inspecteurs d’académie et des professeurs présents lors de ces contrôles s’impose. Certains contrôles se passent normalement, chacune des parties faisant l’effort d’appréhender le point de vue de son interlocuteur. Dans d’autres cas, c’est la foire d’empoigne et les prolongations se jouent au tribunal. Personne ne sort indemne d’un tel pugilat. J’ai d’autant pu le constater car à plusieurs reprises, j’ai fait office de témoin lors de ces contrôles et je suis de nouveau sollicitée par plusieurs familles pour les semaines à venir. Ces contrôles sont la source d’une grande anxiété pour les familles qui ne se sentent pas respectées dans leur démarche pédagogique, alors que, comme la grande majorité des parents, elles ne désirent que l’épanouissement de leur(s) enfant(s). De même, les inspecteurs se sentent agressés et démunis face à une pratique pédagogique dont ils ignorent les tenants et les aboutissants. Cela est amplifié par le non respect des textes de loi et l’usage d’un mode d’évaluation inapproprié. Au final, lassées de ces bras de fer à répétition, des familles, habituellement domiciliées en France, préfèrent désormais l’exil. De même, les familles expatriées, souvent anglophones, mais pas uniquement, culturellement habituées au homeschooling, sont consternées elles aussi lorsqu’elles vivent ces contrôles. Leur réaction ne se fait pas attendre non plus, si elles doivent rester en Europe, elle déménagent au plus vite en Grande Bretagne, pays plus tolérant envers l’instruction en famille.

     D’autres professionnels concernés par l’instruction en famille, et à former, sont les juges. En effet, quand au sein d’un couple, les enfants sont non sco (non scolarisés), tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais quand le couple se sépare, nombre de pères instrumentalisent la non sco. Cela se termine aussi au tribunal, et les mères isolées, qui vivent déjà une situation délicate, se voient l’objet d’accusations infondées, tandis que les enfants font les frais de ces règlements de comptes. car les juges ont bien souvent une perception a priori négative de l’instruction en famille.

    Je vous suggère d’assister à la la première du film Etre et Devenir, de Clara Bellar, le 28 mai prochain, au cinéma Saint-André des Arts. https://www.youtube.com/watch?v=iQlxLq2YboI Il sera distribué jusqu’au 24 juin. Chaque séance sera suivie d’un débat avec un invité. Dans ce film, vous verrez des familles heureuses et épanouies, des étudiants brillants qui ont été des enfants non sco. Vous entendrez des réflexions, des analyses pleines de bon sens. Je suis la marraine d’un jeune, étiqueté comme décrocheur. Il fait son service civique par le biais d’un programme associatif. Il a assisté à une projection presse de ce film. Il en est ressorti transformé, se sentant enfin capable d’accomplir quelque chose et de dépasser cette étiquette de décrocheur.

    Mon propos n’est pas de démolir l’école. Je souhaite simplement que les apports pédagogiques dont la non sco, à l’instar des établissements Montessori, Steiner, Freinet, expérimentaux et autres, peut apporter,soient considérés et non ostracisés. D’anciens inspecteurs, tels Pierre Frakowiak, Jean-Pierre Lepri, mais aussi des associations oeuvrent pour un renouveau de l’institution scolaire. Ils tiennent un discours relativement similaire à celui des familles non sco. Mais dans un cas, ce discours est entendu, dans un autre, il est décrié. C’est regrettable. Davantage de tolérance et d’ouverture d’esprit pourraient mener à plus d’harmonie et à une coexistence pacifique de ces divers systèmes d’enseignement.