Je ne suis pas une environnementaliste, mon cœur de « métier » c’est l’écologie politique... mais la crise environnementale qui commence à faire sentir ses effets planétaires, l’exploitation du vivant m’obligent à prendre à bras le corps les problèmes liés à l’environnement.
Lorsque l’écologie bouleverse mes plans
Il n’est plus possible aujourd’hui d’être un homme ou une femme politique et de ne pas avoir conscience que notre planète est, non seulement finie, mais, surtout, que ses ressources s’épuisent, souvent au profit des plus riches ou des nouveaux riches, au détriment des plus pauvres, des plus vulnérables sur le globe terrestre, mais aussi dans la société.
Mon tour de tourniquet pour les questions au gouvernement arrivant, j’avais choisi de poser comme question le problème des indices de référence : alors qu’on sait qu’il n’y aura plus en Europe « de trente glorieuses », et heureusement pour la planète, peut-on continuer à n’avoir comme seul indice politique, comme seule "ligne bleue des Vosges" le Produit intérieur brut (PIB) ?
Ne doit-on pas imaginer un nouvel indice le BIB (bonheur intérieur (ou national) brut) ou autres indices qui prennent en compte notre retard scolaire, le taux de médecins, mais aussi la qualité de nos aliments.
Certains, au groupe, trouvaient que cette question n’était pas pertinente, mais la majorité avait conscience de l’importance de lancer le débat politique : comment mesurer l’objectif de développement lorsqu’aucun développement économique n’est possible ?
Le parlement européen s’invite dans ma réflexion
Mais le Parlement européen, de 17 voix, a refusé d’interdire la pêche en eaux profondes.... [1] Et Perline et Aurélien se livrèrent à un lobbyisme digne des vainqueurs du Parlement européen : je devais, moi qui avais signé la pétition de BLOOM [2] porter cette croix, pardon ce cheval de bataille...
Ma dernière expérience dans le relais des lobbyistes écolos ne fut pas un succès sans doute parce que je ne peux me délivrer de ma vision d’écologiste politique et adopter celle d’une environnementaliste...
J’ai donc renâclé, Aurélien et Perline m’envoyant article sur article pour me montrer l’importance du sujet.
Détestant faire travailler les gens pour rien j’ai donc fini par céder. Et mercredi midi, pour une question jeudi 15 heures, je me suis mise à réfléchir au sujet.
Trouver le bon angle d’attaque
Il est évident pour moi que je ne pouvais pas poser une question relative aux pauvres bébés phoques, pardon aux pauvres poissons, requins et autres coraux massacrés... Je n’y connais rien et j’avoue que si je sais que l’écosystème a besoin de tous les animaux que l’évolution a créés, j’ai du mal à les faire passer avant l’être humain...
J’ai donc cherché un angle d’attaque qui puisse désarçonner le ministre et le forcer à s’interroger, non pas sur une question écologique, une de plus, mais sur une question sociale.
L’économie était la porte d’entrée de ma question... seul moyen pour que l’écologie ne soit pas un simple gadget aux yeux des « grands politiques » de ce monde, mais soit une « vraie » question [3].
Et Aurélien et Perline, en punition de leur mauvaise farce, ont donc passer l’après midi et le soir à me sortir les données économiques de ce scandale financier qu’est la pêche en eaux profondes...
J’ai fini d’écrire ma question à 3h30 du matin (avant il y avait bridge) donc pour 2 minutes 30 de paroles, 362 mots prononcés, il a fallu travailler à trois une petite demie-douzaine d’heures :-)
Voici ma question
Monsieur le Ministre,
à l’heure où la dépense publique est soupesée au trébuchet de la rigueur, il est scandaleux qu’un secteur structurellement non rentable, ne vive que de subventions .
Je veux parler des onze bateaux dédiés à la pêche au chalut en eaux profondes.
Une étude anglaise de New Economy Fondation rapporte qu’une telle pêche engendre une perte de 153 euros par tonne de poissons péchés.
En effet, il faut pêcher une tonne deux minimum de poissons,
pour obtenir une tonne de poissons vendable à 200 euros, sur les étals d’une des dernières enseignes à proposer empereurs [4], sabres noirs et autres lingues bleues,
Et pour ce faire chaque tonne, vendable ou non, aura nécessité 920 litres de fioul.
La simple lecture d’un bilan comptable d’un armateur en eaux profondes, permet de découvrir que chaque tonne vendue génère une perte de 153 euros malgré les subventions européennes et celles sur le fioul
Sortir les chalutiers dédiés à une telle pêche, génère un coût environnemental et énergétique de 389 euros par tonne de poisson pêché au minimum.
Et si, au moins, cette pêche au chalut était pourvoyeuse d’emplois...
mais elle nécessite 6 fois moins de pêcheurs que la pêche à la palangre, moins destructrice des écosystèmes.
Un armateur de Boulogne sur mer a perçu l’absurdité économique de cette pêche, y a mis fin et est devenu bénéficiaire...
II semblerait que le plus gros des armateurs s’y livrant ait enfin pris conscience de cette réalité, et veuille changer de mode de pêche !
Certes sa conversion ne date que d’avant-hier.
S’il a gagné la bataille au parlement européen, il a, en effet, perdu la confiance des consommateurs ; et, peut-être, court-il donc derrière des concurrents plus prompts à reconnaître leurs erreurs.
Monsieur le Ministre
Alors que 772 000 pétitionnaires dénoncent le massacre des chaluts sur les fonds marins et que des appels au boycott des vendeurs d’une telle pêche se font entendre, qu’entend faire le gouvernement français, pour aider à la conversion d’une dizaine de bateaux à une pêche respectueuse de l’environnement, ce qui n’est pas le souci du gouvernement, je le crains, et moins coûteuse pour la France, tant financièrement que pour notre image de marque ?
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