Rencontre avec l’Association des Etablissements du Domaine Emmanuel

Visite au Château de Hautefeuille

mardi 4 juin 2013, par Hélène Lipietz, Emmanuelle Orvain

Depuis les années 1950 et jusqu’à aujourd’hui, l’Association des Etablissements du Domaine Emmanuel (AEDE) a pour objectif d’accueillir des personnes handicapées mentales, cérébro-lésées et psychiques adultes et âgées dans une dizaine d’établissements en Seine-et-Marne et plus largement en Ile-de-France. Deux nouvelles acquisitions de sites sont à l’étude à Drancy pour une résidence d’accueil et Cesson pour un foyer médicalisé et un accueil de jour pour des personnes jeunes atteintes d’Alzheimer ou cérébro-lésées. Autant de projets et d’humanité qui mobilisent les 500 salariés et bon nombre de bénévoles de l’AEDE. L’association à but non-lucratif et apolitique respecte des valeurs mennonites. Afin de séparer ses « deux dimensions fondamentales » que sont la religion et l’action sociale, les activités théologiques sont transférées au Centre Mennonite de Paris en 2002.

Voir en ligne : Consultez le site de l’AEDE

La visite a porté sur les infrastructures du Domaine Emmanuel, à la fois Etablissement et Services d’Aide par le Travail ESAT, Foyer d’Hébergement FH de 80 places et Foyer avec médicalisation.

Une offre variée pour que chacun y retrouve l’accueil qui lui est dû

Au sein d’un grand parc paysager que nous avons parcouru sous la pluie malheureusement, l’équipe de l’AEDE nous explique les différents styles de Foyers d’Hébergements qui sont proposés sur place : des studios permettent aux résidents de s’installer durablement et de façon autonome. De petits appartements sont souvent dédiés aux personnes vivant en couple, en les respectant ainsi comme personnes aimantes. Les maisonnées quant à elles permettent de vivre comme en colocation, en ayant sa propre chambre et en partageant des pièces communes comme la cuisine. L’idée est que chacun se sente à l’aise et puisse devenir autonome dans son handicap.

Le travail, une activité en place depuis les années 1960

L’équipe nous explique le fonctionnement des ESAT - un quatrième devrait ouvrir à Villeparisis - dont la production paie le salaire des 164 personnes qui y travaillent.

Initialement, les ESAT de l’association se positionnaient comme sous-traitants pour les industriels mais ils se tournent de plus en plus vers les services :
  Nous visitons l’atelier dédié à la gestion des espaces verts. Les formateurs soulignent la sensibilisation du personnel à l’écologie à travers remplissage des machines, un traitement curatif des végétaux, le possible désherbage thermique en complément du travail à la binette, l’investissement dans des taille-haies électriques, ou des projets de récupération d’eau pour nettoyer les outils de l’atelier à l’eau de pluie.

Les équipes travaillent sur place mais aussi à Torcy, Lognes, et au sein du parc Disneyland Paris.

Il n’y pas de maraîchage, alors qu’initialement il y avait un pôle qui permettait l’autosuffisance alimentaire. Il se peut que cette activité soit remise au goût du jour dans les années à venir.

Cependant, l’apiculture et la production de jus de pommes bio (en cours de certification), se structurent avec le temps. Une presse à pommes a été restaurée par un ESAT voisin et le kiosque qui l’abrite a été construit par un artisan local.

  Un pôle couture créé de petites séries de sacs à main exportées, par exemple, au Japon. L’équipe nous a aussi parlé de son célèbre porte-câlins, connu de tous les parents allaitants, (les mères pour la discrétion qu’il permet, les pères pour le bonheur de porter le nourrisson au plus près) et des diverses réparations des costumes que le personnel était amené à faire pour le Parc Disneyland Paris. Dans le même bâtiment, un atelier de pliages de pochettes, enveloppes, étuis est également très actif.

Clémence dans le Porte-câlins

  Dans plusieurs établissements de l’AEDE, des blanchisseries permettent aux travailleurs de trier et plier le linge des résidents. L’association tente une ouverture au pliage de linge plat (nappes, torchons), mais la concurrence est rude. Par ailleurs, pour s’assurer un fonctionnement optimal, seules les personnes de l’encadrement ont accès aux salles techniques de ces sites, et la gestion des lessives (dosage, etc.) se fait automatiquement.

  Sur le site du Domaine Emmanuel, l’équipe mène une réflexion de fond sur la mise en place d’un lieu de tourisme pour tous. Les résidents y sont très favorables, l’établissement ouvrant souvent ses portes au grand public lors de journées porte-ouvertes ou de concerts, événements sportifs... Ainsi, un service d’hôtellerie et la rénovation d’un des bâtiments pour y créer des salles de séminaires à destination de professionnels sont à l’étude.

le Château de Hautefeuille - futur lieu de séminaire dans le cadre du « tourisme pour tous » ?

L’AEDE propose à certains résidents de passer des Certificats d’Aptitudes Professionnelles cuisine ou espaces verts paysagers, ou encore des Validations d’Acquis d’Expériences. Même si l’intégration dans le monde du travail n’est pas toujours facile, un diplôme permet d’asseoir les compétences et les capacités des étudiants et de leur donner confiance en eux.

« Sport toi bien »

Le Domaine Emmanuel dispose d’un terrain de foot très bien entretenu et d’un gymnase accueillant des activités sportives adaptées aux handicapés mentaux.

Parmi les disciplines proposées en intérieur, il y a :
  des jeux de raquettes comme le ping-pong, badminton, tennis
  de la pétanque
  du karaté
  du basket
  de l’escalade dont les murs ont été subventionnés par le Conseil Régional

Une réelle demande thérapeutique existe autour de l’art du cirque - pour lequel j’ai proposé d’offrir un costume de clown ! - les arts martiaux et l’expression corporelle. L’AEDE aimerait donc, en plus de remettre aux normes les vestiaires du gymnase, effectuer un agrandissement qui permettrait de stocker l’ensemble du matériel et construire un dojo.

L’espace est actuellement utilisé de façon optimisée, grâce à l’ouverture à d’autres établissements scolaires.

Dans la forêt de Malvoisine qui longe le parc, des activités comme la randonnée, ou la marche nordique sont proposées. Je tâcherai de participer aux prochaines rencontres pédestres et m’inscrirai favorablement dans le développement de cette activité à destination de tous. Au détour de la conversation, l’équipe nous explique que les pommiers briards ont été plantés par l’ONF.

Le gymnase

Le repas à la cantine, lieu d’échange sur l’énergie

Evidemment, avec plus d’une dizaine d’établissements à gérer sur la région francilienne, l’AEDE se questionne sur la problématique énergétique et est en recherche de conseils relatifs à une gestion plus économe et plus écologique. Avec des appuis auprès de l’ADEME ou du Conseil Régional, notamment, des solutions peuvent être trouvées, c’est certain.

Pour ma part, j’ai préconisé la mise en place d’une éolienne sur le site, qui permettrait de générer de l’électricité.

Il faudrait certainement aussi se pencher sur la géothermie - c’est le cas de certains autres sites d’accueil - ou le chauffage par le sol pour les nouvelles installations. Les pistes de réflexion ne manquent pas !

Les salariés et bénévoles de l’AEDE font un travail quotidien qui permet aux personnes handicapées psychiques, mentales, cérébro-lésées, atteintes d’Alzheimer d’évoluer sereinement et de devenir autonomes dans un environnement agréable et adapté.

Monsieur HEGE (Directeur de l'AEDE), Monsieur GOLDSCHMIDT (Directeur du Domaine Emmanuel), Emmanuelle et moi avec des bouteilles de délicieux jus de pomme BIO !

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