Non aux hydrocarbures de schiste !

vendredi 21 septembre 2012, par Hélène Lipietz, Céline Romain

JPEG - 73.3 kio

Pourquoi je manifeste contre les hydrocarbures de schiste et la fracturation hydraulique le 22 septembre ?

Aujourd’hui, malgré mon peu d’amour pour les manifestations, j’ai décidé d’aller apporter mon soutien aux collectifs anti hydrocarbures de schiste à Tournan en Brie pour plusieurs raisons diverses, écologique autant que politique et économique.

Il n’est pas acceptable que la Seine-et-Marne, ou tout autre département français, ressemble dans les années à venir au Dakota du Nord, où les poissons meurent par milliers, ou l’eau devient une denrée rare, parfois vendue aux enchères, ou les terres sont détruites pour l’utilisation agricole... Il n’est pas acceptable de fracturer à ce point en profondeur notre terre, sans penser à de possibles conséquences sur l’activité sismique comme nous l’enseigne la dramatique expérience de Sidoarjo en Indonésie, et sans voir surgir des risques sur la surface. Que se passerait-il si la fracturation hydraulique provoquait des dégâts au niveau des centrales nucléaires, comme au Royaume-Uni à Blackpool ?

Il n’est pas pensable que l’activité économique de la France en sortirait grandi. Un puits, le temps du forage, représente 28 emplois. Souvent des personnes venus des États-Unis avec les foreuses... Donc peu probablement des emplois locaux. Et ensuite pour l’entretien, c’est 28 emplois mais... pour 100 puits ! De plus les réserves, dont on est sur qu’elles sont présentes, pas besoin de recherche pour cela, ne sont pas assez intéressantes pour les grosses compagnies. Ce sont de petites compagnies pétrolières (dont TOREADOR-Hesse, dont le principal actionnaire est Julien Balkany, demi-frère de Patrick Balkany, élu UMP de Levallois-Perret...) qui s’intéressent aux hydrocarbures de schiste. Un puits d’hydrocarbures de schiste représente entre 5 et 10 ans d’activité. La construction d’un oléoduc n’est donc pas rentable. Pour un puits se sont donc des centaines de camions qui emprunteraient nos routes départementales, avec un coût pour la collectivité de réfection des axes routiers accrus, et une énorme nuisance pour les habitants aux alentours.

Sans compter la «  remise en état  » des lieux après le départ des compagnies pétrolières, et la chute du prix de l’immobilier aux alentours. Et les productions étant limitées, il est très probable qu’elles rentrent en dessous du seuil de taxation des produits pétroliers...

Bref les hydrocarbures de schiste ne représentent que l’enrichissement personnel des dirigeants des compagnies pétrolières et en aucun cas une opportunité pour les collectivités ou les habitants.

Il n’est pas normal qu’une loi dise tout et son contraire. La loi Jacob, député UMP de Seine-et-Marne, donne dans l’article 1 l’interdiction d’exploiter les hydrocarbures de schiste à l’aide la fracturation hydraulique, mais autorise à l’article 2 (amendement Houel, Sénateur UMP de Seine-et-Marne) cependant les forages profonds à titre d’expérimentation... Alors que l’on sait que le territoire francilien comporte des hydrocarbures de schiste, que l’on sait à peu près bien où ils sont situés, et surtout que l’on sait que les compagnies pétrolières ont le droit de commercialiser le produit de leurs recherches. De plus la fracturation hydraulique est certes interdite mais quand est-il de la fracturation pneumatique ? De la fracturation par injection de propane gélifié ? De la fracturation par injection de boues ? Les compagnies pétrolières n’ont jamais été aussi poétiques et prolixes pour inventer de nouveaux termes et mettre notre sous-sol en danger...

Alors non, les déclarations de François Hollande ne m’ont pas rassuré, non aujourd’hui le combat n’est pas fini, non aujourd’hui nous ne pouvons classer le dossier ! Je ne peux me satisfaire, sur un dossier aussi sensible, de la promesse d’un président qui ne sera peut-être plus là dans 5 ans...

Il est indispensable que la refonte du code minier soit engagée, afin de préserver au mieux notre sous-sol. Il faut que le sous-sol profond devienne la propriété de l’Etat, la roche-mère devrait être la propriété de tous les terriens, sans appropriation pour l’intérêt financier de certains. Il est indispensable que la chimère économique que représente les hydrocarbures de schiste soit détruite, et que la France oriente ses crédits vers les énergies renouvelables. Car développer tant de points négatifs pour extraire du pétrole, ressource non renouvelable et qui va contribuer à l’augmentation de l’effet de serre est aberrant... 

Il est indispensable aujourd’hui de sauver notre agriculture, nos cultures,notre eau, notre terre, plus que notre mode de vie du XXIe siècle du tout voiture.. La fracturation quel qu’elle soit met en danger la structure même de notre planète. Au nom de quoi aujourd’hui nous nous attaquons à la Roche-mère au risque d’entraîner une transformation profonde de notre sous-sol, pour subvenir à des besoins insensés de la génération actuelle, sans penser aux générations futures ?

Faut-il attendre une catastrophe écologique majeure ou une catastrophe humaine à long terme ? Ne faut-il pas arrêter d’oublier le principe de précaution inscrit à l’article 5 de la Charte de l’Environnement, elle-même incluse dans notre constitution en 2004 ?

Voilà pourquoi je serais, en tant que Sénatrice de Seine-et-Marne, au milieu des manifestants le 22 septembre 2012 à Tournan à partir de 14h30.

Portfolio

Forum