Comment se fabrique une intervention en séance du conseil régional

l’exemple du budget 2007

jeudi 28 décembre 2006, par Hélène Lipietz

Nous avons parfois des visiteurs qui assistent à nos débats, sympathisants ou famille. Ils sont souvent choqués par le vide de nos rangs ou le dilettantisme de notre écoute...

Il est vrai que la nouvelle élue que j’ai été ou la nouvelle élue qu’est ma collègue Liliane PAYS, digne représentante du sud extrême de la Seine et Marne, sont étonnées du fonctionnement des séances : certains écoutent, d’autres lisent ou brodent... Règnent un bruit de fond permanent, des allers et venus, parfois des échanges de noms d’oiseaux surtout venant de l’extrême droite, les seuls d’ailleurs qui en usent et en abusent, il faudra que je raconte cela...

Mais il est vrai que nous nous ennuyons dans nos séances qui sont l’aboutissement d’une longue préparation : les délibérations sont discutées en commissions thématiques. Puis nous rediscutons en réunion de groupe pour élaborer les votes et choisir nos intervenants. On connait donc les positions des uns et des autres.

Des sujets techniques et minutés

Et puis les sujets abordés sont souvent techniques. Or nous ne sommes pas dans toutes les commissions donc nous ne maîtrisons pas la technicité du sujet. Personnellement les problèmes abordés dans la commission « développement économique et emploi » me passent au dessus de la tête, non parce que j’estime qu’ils sont de peu d’importance, mais simplement parce que l’économiste de la famille c’est l’autre... Et puis je fais confiance à Jean-Marc Brulé, président de ladite commission et futur candidat Verts-PS sur la première circonscription de Seine et Marne. Minuit l'heure du Monde

Ensuite parce que les exposés se font dans un temps limité, minuté sur deux tableaux géants. Beaucoup des orateurs posent donc comme présupposé que chacun est au courant des points techniques débattus. Et les débats volent souvent très hauts et sont difficiles à suivre.

Des interventions lues

Enfin et surtout parce que les orateurs ne sont tous pas des Cicéron. La lecture d’un texte est souvent la règle car elle permet de calibrer le temps de parole et de faire valider le contenu par le groupe, mais elle est monotone. Rares sont donc les intervenants qui osent se lancer dans l’improvisation. Nous avons quelques bons orateurs, souvent parlementaires, je ne les nommerai pas ici pour ne pas vexer les autres.

Et moi, me direz-vous... je me suis pliée à la règle de l’écrit, mais j’essaye d’attirer l’attention. Je crois que j’ai fait des progrès depuis mes premières interventions qui, à l’époque étaient filmées. Je vous signale toutefois que vous pouvez essayer de me voir en directe sur le site de la région... quand ? Je sais, Maïeul, mon toilemestre, n’arrête pas de me rappeler qu’il a prévu un agenda sur ce site, il faudrait que je le remplisse.

Les petites mains indispensables des groupes : les attachées

Je pense que je commence à trouver mon style puisqu’il y a un relatif silence quand je parle... quant au fond... Vous jugerez vous-même du travail élaboré avec les trois attachées du groupe qui travaillent dans mes domaines d’intervention.

Dominique Dussart, Directrice de cabinet du groupe qui travaille sur l’administration générale, elle connait tout de la région et de l’administration générale.

Géraldine Chalencon, attachée et géniale financière : elle a tout compris de l’effet ciseaux et des swaps. C’est elle qui analyse le pavé du budget et du compte administratif.

Laure Lechatellier, secrétaire générale du groupe et qui m’accompagne en Politique de la Ville-Sécurité. Nous avons une grande complicité et j’ai retrouvé auprès d’elle l’amie que j’ai perdue en Catherine, ma vielle complice du cabinet d’avocats ACACCIA partie vivre au pied du mont Mézenc : patiente, ironique et sans pitié.

Un exemple : l’intervention sur le budget 2007

J’ai choisi d’illustrer la technique d’élaboration de l’intervention quant à la présentation générale du budget, où nous intervenions Laurence Abeille, autre membre de la commission des finances.

D’abord, Géraldine rédige, comme nos autres attachés du groupe pour leurs secteurs respectifs, une note technique, sauf que celle de Géraldine doit porter sur un petit document de 250 pages... et 4 milliards d’euros...

Voici son travail.

Travail de Géraldine
Note de synthèse

Puis, nous avons une réunion à trois pour faire les grands axes de nos interventions. Comme l’an passé, je fais plutôt la technique budgétaire et Laurence les grandes actions marquantes.

Je laisse Laurence travailler dans son coin, avec Géraldine et le groupe, par internet, bien sûr. Et je ponds cette première version...

Ma première version

Voici les réactions du groupe (du moins, celles que j’ai reçues par écrit, les autres m’arrivant par oral, 2 heures avant mon intervention)

Commentaire d’Anny P.
Commentaire de Catherine C.

Enfin, nous comparons nos interventions pour l’ordre de passage. Tout va bien, nous sommes très complémentaires et l’enchainement se combine bien si je parle en premier.

Et voici mon intervention. En pleine intervention

Discours final

et celle de Laurence qui fait suite...

Quel bel enchainement, n’est-ce pas ?

P.-S.

Si vous voulez assister à une séance, faites moi signe, je trouverai bien une place pour vous...

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