budget politique de la ville

vendredi 11 mars 2005, par Hélène Lipietz

Il s’agit d’une commission double Politique de la ville, sécurité, présidée par Julien Dray, socialiste bien connu, cumulant députation, Vice-présidence du Conseil régional et porte-parolat du PS, sans compter son action auprès de «  SOS racisme, ni putes ni soumises, les maisons des potes  ». Avec, en plus, la fâcheuse manie de ne jamais te regarder quand tu lui parles, bref, un socialiste comme je les aime.

C’est l’un des rares vice-présidents à ne jamais être complimenté sur la manière dont il collabore avec les commissions. Je ne sais même pas s’il s’en est rendu compte. Je pense plutôt qu’il s’en moque, non qu’il soit persuadé d’avoir raison mais plutôt qu’il est persuadé que le pouvoir n’est pas au Conseil régional (en quoi il n’a pas tort) mais dans les groupes de pression qu’il sait si bien animer. Il a un vrai talent de meneur de jeunes et sait sentir l’air du temps.

Mais surtout, le vrai problème est qu’il n’aime pas les Verts, ne voyant pas en quoi nos idées peuvent apporter à sa chasse gardée et faisant risette aux communistes car eux, au moins, il comprend leur discours.

Comme il me l’a dit «  de toute façon, le problème avec vous les verts, c’est que vous ne connaissez rien à la politique de la Ville car vous n’avez pas de Mairies  »

Bref, une bonne ambiance dans cette commission, où le Front national tape sur les immigrés qui reçoivent pleins d’argents, même quand ils sont en situation irrégulière.

J’adore cette commission dont je suis la secrétaire.

D’où mes interventions sur les budgets politiques de la ville et sécurité quelque peu ironiques, même si je pense que Julien est très compétent dans cette branche, malgré les critiques que je viens de faire.

Mon avis sur le budget sécurité

Qu’est ce que la sécurité ?

Aujourd’hui elle se réduit à la vidéo surveillance devenue la panacée pour résoudre toute délinquance :

comme l’œil étant dans la tombe et regardait CAIN, la camera est dans le budget et regarde les populations laborieuses

Faut-il en effet rappeler que la Vidéosurveillance en faveur des transports en commun représente 43 % du budget.

Pourtant nous avons la chance d’avoir une étude sur l’efficacité de notre politique

C’est l’Etude de l’IAURIF , intitulée «   Evaluation de l’impact de la vidéosurveillance des transports en commun en région d’Ile-de-France  ». Je lis en Page 71 : «  d’un point de vue strictement quantitatif, la vidéosurveillance ne traduit pas une baisse significative de la délinquance stricto sensu dans les réseaux ferrés et routiers, ni de changement de nature des faits . En conclusion, «  L’impact de la vidéosurveillance pour la sécurisation des voyageurs tant dans le réseau ferré que routier n’est pas démontré.  »

Et pendant ce temps la RATP annonce une baisse des emplois...

Une autre étude de l’IAURIF fait bien la différence entre le sentiment d’insécurité et l’insécurité réelle.

Alors il est temps de changer notre politique et d’y mettre plus d’humain, car seul l’Humain a du sentiment.

C’est pourquoi les politiques comme les maisons de la Justice et du droit, le numéro Vert Jeunes Violence Ecoute, sont des éléments qui participent au sentiment de sécurité et nous les approuvons

Mais sauf en mettant un policier derrière chaque citoyen, et encore,

il y aura toujours un risque d’agression et donc des agressions. Or quelle est la place des victimes dans nos politiques ?

Cela représente seulement 11% du budget sécurité, à travers l’aide au associations qui oeuvrent au près des victimes.

Savez-vous combien de temps doivent attendre les victimes de viol pour avoir un rendez-vous avec un psychologue d’une association d’aide ( 15 jours) ?

Savez les difficultés pour les associations de trouver un toit pour les victimes de violences familiales ?

2005 doit être une année de réflexion sur le redéploiement des crédits «  sécurité  ». Les verts souhaitent que cette réflexion ne soit pas le fait du seul exécutif et que la commission politique de la ville-sécurité y soit pleinement associée.

C’est à cette condition que les verts voteront aujourd’hui cette annexe sachant que nous serons particulièrement attentif à l’évolution qualitatif de ce budget.

Amendement visant à donner plus à la politique de la ville et moins à la vidéosurveillance

Selon la grande devise des Verts : «  penser globalement, agir localement  », Nous ne pouvons que regretter l’éclatement des politiques «  sécurité  » et «  politique de la Ville  »

Car il n’y a de sécurité que si la politique de la ville permet à chacun de se sentir bien dans son quartier et qu’il soit fier d’y habiter. C’est le but de la requalification urbaine.

Nous croyons que plus que la vidéosurveillance qui n’empêche ni les viols dans les bus, ni les poussettes dans le quai RER, donner les moyens et inciter les villes à les utiliser afin de redonner l’envie de vivre dans la ville, est, à terme, beaucoup plus efficace.

C’est pourquoi notre amendement vise à doubler le montant dévolu à la requalification urbaine, doublement qui, annoncé avec panache par la région, sera le moteur de nouvelles rénovations.

Le gage est pris sur le budget «  amélioration de la sécurité dans les transports en commun  » dont j’ai explicité le peu d’utilité dans le débat sur la sécurité.

Réponse à la demande de retrait, Julien ayant déclaré en commission qu’il rejetait mon amendement, avec raison d’ailleurs car il était nul) j’a donc décidé de le maintenir uniquement pour m’amuser, on a les plaisirs simples que l’on peut.

Monsieur le Vice-président,

Que ne m’eussiez-vous demandé ce retrait plutôt, J’eusse alors retiré mon amendement, Comme je le fais céans.

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