Ces élus souvent ruraux de départements souvent très enclavés et surtout abandonnés par les pouvoirs publics ont, en effet, déposé une proposition de loi visant à permettre l’abattage des loups [1], animaux protégés par la Convention de Berne du 19 septembre 1979 .
Notre chef de file était bien sûr Jean-Vincent Placé, qui, avec beaucoup d’humour et son analyse toujours pertinente des rapports de force, a fait la discussion générale .
Quoique arrivée après son discours pour cause de réunions diverses au sein du Sénat, j’ai participé comme j’ai pu à la discussion, plus exactement à faire le brouhaha nécessaire pour prouver notre opposition. C’est ainsi que pendant les deux heures que dura le débat, les jeux de mots fusèrent au sein de notre petit groupe, tant à l’intention de nous même pour nous remonter le moral qu’à l’intention des autres parlementaires.
Il faut dire aussi que le loup et notre culture du loup se prêtaient à tout ceci [2]. Voici quelques florilèges de notre discussion :
Alors qu’un sénateur de Seine-Maritime se présentait à la tribune il a fallut bien entendu que je sorte « Voilà le loup de mer » ou lorsque un argument n’était pas clair : « Il loup-voie »
Il y a eu aussi lors du vote à la tribune où nos chefs de files font la queue pour monter voter « ils sont à la queuleuleu »
Ou encore lorsque le vote fut défavorable à la proposition de Mme Jouanno et M. Namy de supprimer l’article, je me suis exclamée « C’est loup-pé » .
Il y eu aussi des « bonjour les petis loups »
et l’interrogation procédurale fondamentale d’un centriste de droite, je crois : « est-il normal que le loup soit à la niche ? » : en effet, dans notre jargon, une niche est le texte réservé aux groupes parlementaires pour qu’ils puissent présenter une proposition de loi, comme ici.
Bref, nous avons essayé de mettre de l’humour là où le débat fut dramatique, notamment lorsque les élus rapportèrent la peine des bergers à voir le troupeau décimé.
I
1 Message