Je n’aurais pas pu écrire cette lettre, aux mots crus, il y a dix ans, avant mon mandat de conseillère régionale... quoique la polysémie du mot rabelaisien « couillu » est intéressante et me permet de dire qu’il faut « en avoir » pour oser, aujourd’hui encore organiser un colloque sans aucune femme à la tribune !
A force d’être invitée dans des colloques où l’on parle des femmes ou de la vie quotidienne sans les associer au cénacle de ceux qui parlent parce que ce serait eux qui savent, je ne supporte plus ce genre d’invitation.
J’hésite toutefois encore à indiquer, à dénoncer sur ce site, les entreprises qui ignorent que les femmes ont un cerveau et savent parler d’autres choses que de chiffons : si je sais réparer ma jupe culotte, je sais aussi tenir une perceuse...
Messieurs,
J’ai bien reçu votre invitation et je vous en remercie.
Je vous félicite pour votre virilité exemplaire.
Bravo à (prénom des conférenciers) de permettre de débattre de la France en 20 ??, sans s’encombrer de laisser la parole à d’embarrassantes incongrues représentantes de plus 50 % de la population française.
Merci de ce témoignage des (titre des invités).
Merci de ne pas autoriser des intruses à s’exprimer pour parler de (objet du colloque).
Quoi de plus rassurant qu’un parterre de virils conférenciers pour évaluer (phrase type de leur invitation) ?
Ne désirant pas gêner cette harde d’archaïsants couillus, et afin de ne pas être importune, je ne serai pas présente à cet entre vous de sages mâles.
Écologiquement et paritairement vôtre, Hélène LIPIETZ, membre de la commission des lois.