Ecoles de la deuxième chance, des structures ancrées localement
Historiquement, l’E2C a été créée par Edith Cresson dans les anciens abattoirs de Marseilles, il y a 20 ans de cela. Aujourd’hui, on compte 43 E2C sur le territoire national sur 21 régions, 47 départements soit 105 sites et 14 150 jeunes accueillis en 2013 pour 58% de sorties positives.
En Seine-et-Marne, la première Ecole de la deuxième chance a ouvert à Montereau en décembre 2007, suite à la volonté du député de centre-droit, Yves Jégo, puis Meaux en décembre 2009, Melun en février 2010 et Chelles a suivi en décembre 2013. Cela permet une couverture du territoire qui inverse le déséquilibre connu sur le département aussi bien en termes de distances qu’en termes de mixité des populations accueillies. L’objectif était d’avoir deux sites au « nord » et deux sites au « sud » du département, soit 1080m ² de locaux, avec des influences « élargies ». Si des étudiants sont en Essonne ou Seine-Saint-Denis, mais que pour des raisons de transport notamment, cela les arrange de venir en Seine-et-Marne, ils ne se verront pas refuser l’entrée : le transfert entre écoles est possible. Cependant, les équipes qui interviennent dans les E2C du département sont sensibles au fait que les quatre sites doivent avoir les mêmes niveaux techniques et théoriques pour plus de cohérence. Ainsi, le formateur référent [2] intervient dans une matière par site et prend en charge le suivi des étudiants.
La coordination pédagogique est assumée au niveau départemental et régional : 25 collaborateurs en tout, dont trois sur la partie administrative, pour un coût de deux millions d’euros (dont 1 million dédié à la masse salariale).
Les jeunes accueillis ont autour de 20 ans . Mais une recrudescence de jeunes de 16 ans, voire moins, se fait sentir. Les parents d’enfants de 15 ans appellent pour connaître les modalités d’entrées dans l’E2C 77, mais en-deçà de l’âge légal d’obligation de scolarisation, l’E2C 77 ne peut rien faire.
Tout gravite autour du projet professionnel du jeune. Il faut le motiver, le ramener vers des connaissances de base qui l’ont fait fuir du collège ou du lycée. Ainsi, le jeune a accès à une remise à niveau des savoirs fondamentaux et à un appui au projet et au parcours professionnel qu’il souhaite mener. L’E2C 77 lui offre la chance de consolider son projet et il y a un suivi post-parcours pendant un an à raison d’un appel tous les trois mois du jeune et de l’employeur. Dès qu’il y a un enjeu réel ou un cas concret pendant leur passage dans le monde de l’entreprise, l’intérêt est là . L’E2C 77 ne délivre pas de diplôme, mais sert de tremplin, aide à la recherche de tuteur en entreprise, renvoie vers l’orientation adaptée au profil du jeune, etc. Son but est réellement de construire le parcours professionnel du jeune sur les 30 ans à venir et pas dans 6 ou 12 mois seulement.
le site de Melun
Le site de Melun E2C 77 est ouvert du lundi au vendredi. Le jeudi après-midi est consacré aux démarches pour trouver une entreprise. L’alternance se fait selon le rythme suivant : 3 semaines en école, 4 semaines en entreprise, où il reçoit entre 170 et 470€ financés par l’Agence de services et de paiement (ASP). Pour lutter contre l’absentéisme, si l’élève n’est pas là une matinée, il n’est pas payé. Une nouvelle promotion comptant entre 8 et 12 jeunes est intégrée toutes les 4 à 6 semaines. Et le jeune peut rester entre trois mois et deux ans. En Seine-et-Marne, en 2013, les quatre sites ont connu une moyenne de 54% de sorties positives pour 359 jeunes (dont 110 sur Melun). La parité est respectée puisque l’on avoisine le « 50/50 » entre les filles et les garçons. L’E2C 77 accompagne ses jeunes en sortie positive pour les amener vers le diplôme approprié à leur profil. Les jeunes en sortie négative ne sont pas laissés pour compte et l’E2C 77 leur propose des propositions de formation ou encore la participation à des informations collectives. Le coût d’une telle opération s’élève à 5 834€ par an par jeune. A propos de la prise en charge, un tiers du fonctionnement est pris en charge par le Conseil Régional d’Ile-deFrance, le deuxième tiers par l’Etat et le dernier tiers par les collectivités locales, le mécénat et la collecte de la taxe d’apprentissage. La ville de Melun soutient l’E2C 77 depuis ses débuts en 2010.
Les jeunes qui passent par l’E2C 77 obtiennent un statut positif, un repère. Chaque membre de promotion a sa carte étudiante, un maillot à l’effigie de l’école. Cela donne une réelle identité.
Chaque école a sa propre autonomie juridique et financière. Les E2C sont réunies par des valeurs, des objectifs et un contrôle qui a lieu tous les deux ans et répondant à un cahier des charges du réseau national des E2C sous le contrôle de l’AFNOR. Certification qui permet de justifier les lignes de financement, mais aussi le label E2C.
Discussion avec les élèves d’une promo
J’ai tout d’abord présenté mon métier de femme politique. Nous avons débattu autour des idées de droite et de gauche, à partir d’une drôle de question : « A quoi cela sert d’être de droite ou de gauche ? »
Le lendemain de la défaite aux municipales de la gauche, j’ai pu répondre qu’être de gauche cela sert surtout à pleurer, enfin depuis que je suis majeure !
En réalité la question devait être : quelle est la différence entre une politique de droite ou de gauche ? et là la réponse n’est pas simple !
Puis j’ai recueilli les divers témoignages d’élèves aux parcours très divers. D’ailleurs, tous n’ont pas le même niveau et certains vont plus vite que d’autre, mais il semble pourtant qu’une cohésion de groupe puisse naître. Dans les grandes lignes : l’E2C 77 permet de réorienter les jeunes après des échecs scolaires, personnels (accidents) ou professionnels.
Certains ont été mal orientés par la grosse machine qu’est l’Education nationale, et ici, à l’E2C 77 ils découvrent qu’ils valent quelque-chose, qu’ils ont une passion et qu’ils peuvent saisir l’opportunité d’en faire leur métier. Quelques-uns n’ont malheureusement pas l’appui de leurs parents qui aimeraient que leur enfant ait le bac ou un vrai travail pour s’en sortir et dévalorisent ainsi le parcours exceptionnel de ces enfants : reprendre le chemin de l’école pour trouver un emploi au lieu d’accuser la société de ne pas leur donner du boulot.
Chapeau les gamins-gamines !
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