Mon père m’a fait prendre conscience de l’apartheid, cette politique initiée par les syndicalistes blancs voulant défendre leur adhérents contre la montée en puissance d’ouvrier noirs éduqués. Des politiques ont érigé cette revendication salariale en organisation raciale d’une société arc en ciel.
Mon père dirigeait une filiale de Pont à Mousson, spécialisée dans la climatisation. Je pense que j’étais en seconde donc en 1973 lorsqu’il s’est rendu en Afrique du Sud pour évaluer l’opportunité économique de ce pays. Il en est revenu révolté, me racontant la ségrégation raciale, lui rappelant les plus mauvais jours de sa vie mais aussi l’imbécilité économique de ce système où la tenue d’un marteau piqueur était réservé au blanc qui travaillait devant des noirs, se croisant les bras pour le regarder jusqu’au moment où c’étaient à eux d’intervenir ... même le travail était cloisonné avec d’énormes pertes de productivité.... Il avait donc refusé de travailler en Afrique du Sud tant que le pays ne serait pas sorti d’un tel système ;
Mes années lycée et de fac furent donc des années de solidarité avec l’Afrique du Sud, mais aussi, le Chili de Pinochet ou l’Argentine »¦ Je ne sais pas si aujourd’hui les jeunes de 15-18 ans ont autant de modèle de luttes pour la Démocratie pour faire leur apprentissage politique...
J’ai bien sûr suivi les mots d’ordre de boycott des produits Sud Africains... pas d’oranges mais aussi pas de pommes sud-africaines alors même que pour ma grossesse de ma fille cadette (1986) j’en avais tellement envie [1].
Parfois je me disais que boycotter les produits d’un pays était inutile... j’ai appris, bien des années après que le boycottage de l’Afrique du Sud avait de réelles conséquences sur son économie et que ce fut l’une des causes du changement de politique de de Klerk.
Mais le boycott fut aussi culturel, isolant peu à peu les élites sud-blanches du monde entier, avec parfois des conséquences cocasses : ainsi les joueurs de bridge anglais, lors qu’un championnat du monde refusèrent de jouer contre l’équipe sud-africaine uniquement blanche... la fédération de bridge sud-africaine fût ainsi forcée d’admettre dans son équipe des « coloreds » pour pouvoir garder sa place...
Pourquoi aujourd’hui aucun mouvement pacifique international n’est capable de faire céder les dictatures : Russie, Ukraine, Syrie Chine n’ont que faire de nos petites manifestations de quelques « droits de l’hommiste »... les « affaires sont les affaires » et l’économie a gagné sur les valeurs humanistes.
Il est vrai aussi que la démocratie et l’égalité entre les Hommes est un long combat et que Nelson Mandela a payé de 30 ans de prison cette réalité. Il a été un phare dans la nuit de la bêtise humaine... serviteur parmi ses concitoyens de la démocratie et non prophète.
Merci Madiba d’avoir éclairé ma vie.
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