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Visite du SMITOM-LOMBRIC

Le traitement des déchets

mercredi 26 mars 2014, par Hélène Lipietz, Emmanuelle Orvain

Le SMITOM-LOMBRIC est le Syndicat mixte intercommunal de traitement des ordures ménagères (SMITOM) du Centre Ouest Seine-et-Marnais. Il est chargé de réaliser puis d’exploiter l’ensemble des équipements de la filière de traitement des déchets ménagers. Il assure la compétence "traitement" des déchets ménagers pour 67 communes (300 000 habitants) et la compétence collecte des déchets ménagers 27 communes (120 000 habitants).

C’est M. Scheurer, directeur général du SMITOM-LOMBRIC, qui m’a accueillie. Cet architecte de formation est spécialisé dans la gestion et le montage de grands projets pour les collectivités. Il m’expliquait qu’ « ici, le choix a été fait de conserver la Maîtrise d’Ouvrage des constructions, mais de confier l’exploitation à une société privée par délégation de service public, le SMITOM-LOMBRIC a exigé la certification environnementale ISO 14 0001 conjointe ».

Pour les détails techniques, consultez l’autre article.

Voir en ligne : Le SMITOM-LOMBRIC

Début de la visite du SMITOM-LOMBRIC aux côtés de M. Scheurer

Le SMITOM-LOMBRIC [1] est composé de plusieurs sites :

  • 1 centre de tri des emballages,
  • 1 unité de valorisation énergétique (UVE),
  • 11 déchèteries, où chacun peut venir déposer en apport volontaire,
  • 1 plateforme de tri des encombrants,
  • 1 recyclerie, que les lecteurs de mon site et les visiteurs de ma permanence connaissent bien,
  • 3 quais de transfert et
  • 2 plateformes de compostage des déchets verts (dont la plus récente a été inaugurée le 5 juillet 2013 à Réau).

Le Centre Intégré de Valorisation et d’Incinération du Sud Seine-et-Marne (CIVIS 77) que j’ai eu la chance de visiter regroupe 4 de ces installations sur le site de Vaux-Le-Pénil :

Les meubles de ma permanence, où travaille Emmanuelle, viennent de La Recyclerie ! Sauf la fleur et les tableaux !

La collecte des déchets, mise en relief de la situation

« Qu’en est-il de la collecte des poubelles au poids ? Cela existe en Alsace par exemple. Pourquoi pas ici ? » ai-je demandé.

« Le problème de la collecte des poubelles au poids est le logement collectif. Il faut envoyer la facture à l’usager. Aujourd’hui, les bailleurs ne veulent pas en entendre parler car c’est complexe à gérer. Nous réfléchissons à cette possibilité, mais il faudrait modifier la législation pour que le bailleur puisse répercuter les coûts. Alors, nous essayons plutôt d’agir en mettant en place des conteneurs enterrés, à la fois pour apporter une solution d’assainissement des résidences envahies par les dépôts sauvages, et pour améliorer la qualité du tri, ce qui se vérifie." m’annonçait M. Scheurer.

L'exemple très concret des poubelles enterrées à la permanence

Et d’ajouter "Quoi qu’il en soit, le SMITOM-LOMBRIC constate la diminution du poids des collectes de déchets ménagers depuis 5 ans. Parallèlement, le traitement de Déchets industriels banaux (DIB) augmente, l’objectif étant de maintenir la saturation des fours, car ce sont dans ces conditions de fonctionnement que les performances environnementales de l’UVE sont les optimales, ainsi que le coût de traitement rapporté à la tonne. Pour la récupération de ce type de déchets, le SMITOM-LOMBRIC signe des conventions avec divers partenaires du territoire (Big Bennes, Tournan, »¦) ».

Depuis son implantation, le SMITOM-LOMBRIC souhaite être transparent avec les élus locaux et travaille avec des acteurs tels que la Communauté d’agglomération Melun-Val de Seine (CAMVS) qui a créé une commission consultative sur les déchets et affiche comme priorité de substituer à la collecte des encombrants un service « allô déchets » comme celui que m’avait présenté AIP-RéFon. Des conventions avec les bailleurs sociaux ont été signées pour dédier un local au sein des résidences. Une fois celui rempli d’encombrants, le gardien appelle un numéro vert et un prestataire vient vider le local des déchets qui sont accueillis gratuitement en déchèteries par le SMITOM-LOMBRIC.

L'usine de valorisation énergétique

Les équipes du site en partenariat avec la région déclinent le Plan régional d’élimination des déchets ménagers et assimilés (PREDMA) qui prend en compte la spécificité du territoire seine-et-marnais, à la fois ville et campagne.

Les déchèteries

Pour le SMITOM un habitant doit résider à moins de 10km et 15mn en voiture d’une déchèterie afin d’effectuer les dépôts dans ces lieux contrôlés, favorisant la revalorisation des déchets. Malgré cette proximité, les incivilités demeurent comme me l’avait fait remarquer M. Louvet, garde chasse.

La création et l’utilisation des badges d’accès aux déchèteries sont de plus en plus contrôlées car les syndicats en charge des déchets se sont rendus compte que divers producteurs de déchets spécifiques arrivaient à contourner les contrôles mis en place. C’est ainsi les ménages, à travers leur Taxe d’enlèvement des ordures ménagères (TEOM) qui payaient l’élimination de ces ordures clandestines. Il est vrai que les déchèteries acceptent les déchets d’activités industrielles ou commerçantes, mais moyennant une redevance spécifique.

C’est pourquoi, les gardiens des déchetteries vérifient la provenance des déchets grâce aux badges.

Extrait du guide des déchèteries

Les déchets verts

Ayant un grand jardin, j’ai demandé si le SMITOM-LOMBRIC avait rencontré un problème avec la collecte des déchets verts au mois de décembre, la poubelle étant restée pleine... L’explication m’a été donnée : c’est le gel.

Dans les bacs, cela avait formé des blocs impossibles à récupérer (sous peine de casser le matériel (bac, benne)). Des collectes ultérieures avaient été proposées pour palier ce problème. Je n’avais pas eu connaissance de ces tournées supplémentaires... Tout est resté dans ma poubelle dans l’attente du printemps ! C’est ainsi que la bonne idée de retarder la dernière collecte des déchets verts s’est révélée contre-productive.

La Recyclerie

La Région a voulu développer un réseau de « recycleries » et le SMITOM-LOMBRIC voyait là une opportunité de valoriser certains déchets comme les encombrants.

L’association d’insertion AIP RéFon ayant proposé un projet de gestion de recyclerie validé par ses partenaires de l’insertion, le SMITOM-LOMBRIC a investir dans les locaux : cela lui permettait d’agir sur le recyclage de déchets encombrants tout en réalisant un placement sécurisé de ses disponibilités financières.

Le SMITOM a acheté le terrain dans la zone industrielle de Vaux-le-Pénil et a construit les locaux : un investissement d’une valeur de 1 350 000€, financé par l’Etat et le Conseil Régional à hauteur de 450 000 €.

Cet espace est doté d’un atelier de menuiserie, d’un autre pour réparer et reconditionner du petit électro-ménager issus de la collecte des « D3E » (Déchets d’équipements électriques et électroniques) et d’une menuiserie, d’un magasin de vente avec ses réserves et ses espaces extérieurs de manutention et de stockage, ainsi que des locaux sociaux.

Comme je le savais déjà suite à ma visite d’AIP-RéFon, il y a eu un laisser-faire en termes de gestion pendant 2 ans. Mais les acteurs impliqués n’ont pas voulu que la Recyclerie ferme, convaincus de son bienfondé. A l’heure actuelle, le projet est en phase de consultation pour un repreneur.

Dans les déchèteries, des caissons sont prévus pour accueillir les déchets recyclables apportés par les ménages et du personnel d’AIP RéFon forme les responsables des déchèteries au tri de ces déchets. Par ailleurs, l’entreprise d’insertion Cycleva, dont le personnel a retapé ma permanence, est mandatée pour collecter les objets à récupérer dans le cadre de la collecte des encombrants sur le territoire de la CAMVS et les apporter à la Recyclerie.

Les interventions dans les écoles

Par le passé, une association partenaire effectuait les interventions en milieu scolaire. La demande s’étant accrue, l’association n’a pas pu maintenir la cadence et a souhaité arrêter son action pour se concentrer sur d’autres missions. A présent, c’est le personnel du SMITOM-LOMBRIC, « éco-ambassadeur » qui assure les prestations.

Le SMITOM-LOMBRIC les a formés pour intervenir dans les écoles du territoire afin d’expliquer aux écoliers la notion de développement durable à travers la gestion des déchets ménagers. Un courriel est envoyé en début d’année aux écoles primaires du territoire. Les instituteurs intéressés prennent contact pour organiser l’intervention des éco-ambassadeurs dans leur classe.

Chaque année, ils vont dans 50% des écoles primaires pour répondre aux demandes des instituteurs et surtout aux questions des élèves [2] ! En retour, les écoliers viennent visiter le centre, accompagnés des "éco-ambassadeurs". « Entre 6 et 8 ans, les enfants n’ont qu’une idée en tête : mettre en application ce qu’ils ont appris à l’école le soir en rentrant chez eux. C’est une bonne manière d’éduquer les enfants et leur famille », soulignait M. Scheurer.

A suivre »¦

Il me reste donc à visiter le projet le plus récent mis en œuvre par le SMITOM-LOMBRIC : le centre de compostage de Réau pour perfectionner mes connaissances en tunnels, biofiltres, les bassins macrophytes, compost... et à comparer les différentes techniques.

P.-S.

Rappel historique pour les vieux melunais : on voit le dôme du Château de Vaux-le-Vicomte depuis les couloirs de l’UVE. Mais vu du château, compte tenu de la perception topographique, l’usine se confond avec les formes du paysage. L’architecte a conçu le site en travaillant réellement sur l’intégration à la forme du terrain et aux couleurs en harmonie avec celles de l’environnement pour ne pas entacher le paysage depuis le Château.

Notes

[1LOMBRIC signifie : Les Ordures Ménagères Bien Recyclées, Incinérées ou Compostées

[2Le SIETOM a quant à lui mis en place un tapis roulant pour des exercices pratiques

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