Depuis septembre 2012, Myriam Le Roux travaille à temps plein sur le projet EDEN, qui consiste en la création d’un habitat groupé intergénérationnel et d’une micro-crèche sur un même lieu et sur le territoire Sud Seine et Marne. L’objectif : recréer du lien social et de l’entraide intergénérationnelle ; créer un lieu ouvert à tous : enfants, personnes seules de tout âge et familles.
L’habitat participatif est une forme d’accès à la propriété privé impliquant les futurs acquéreurs dans la construction et la gestion de leur lieu de vie.
Madame Le Roux a créé l’association « Soyons solidaires, soyons Eden » pour officialiser sa démarche.
Sa volonté est d’engager une discussion de fond avec les parties prenantes : collectivités, riverains, futurs propriétaires, pour écouter leurs attentes, faire comprendre les contraintes externes et matérielles (les exigences environnementales sont placées à un haut niveau de qualité) et trouver des solutions favorables au « mieux vivre ensemble » dans un cadre approprié.
Généralement, les jeunes couples avec enfants se sentent concernés par l’habitat participatif. Déjà 3 ou 4 foyers sont fédérés autour du projet.
Le frein observé le plus fréquemment sur des dispositifs similaires est la recherche d’un terrain approprié.
Pour Myriam Le Roux cela ferait partie des obstacles levés grâce à une mairie qui souhaiterait s’impliquer à ses côtés en s’engageant dans un projet social sur une ancienne friche industrielle.
Financièrement, les habitats groupés sont souvent gérés par une synergie d’acteurs privés ou bien font l’objet d’un partenariat public-privé (PPP). Les sociétés coopératives HLM sont très fréquemment impliquées dans ce type d’aménagement.
Juridiquement, le gouvernement réfléchit actuellement à une définition législative du concept d’habitat participatif.
Des villes comme Strasbourg sont actives dans des projets locaux ancrés sur un territoire, elle est à l’initiative du réseau national des collectivités pour l’habitat participatif.
Malgré le courage et la détermination de Madame Le Roux et tout le soutien que je peux lui apporter dans sa démarche, je me pose des questions telles que :
– est-ce que EDEN respecte vraiment les cycles de la vie ? En ne proposant qu’une micro-crèche pour les tout petits et des espaces partagés pour les adultes et leurs enfants ? Quelles sont les possibilités d’intégrer un public plus large au sein du projet : seniors, handicapé-es ?
A l’heure actuelle, la micro-crèche écologique est un premier pas positif puisqu’elle serait implantée dans une zone déficitaire en lieux d’accueil pour la petite enfance. Cela permet également de brasser les habitants de la commune et ceux de l’habitat groupé, puisque l’établissement serait ouvert à tou-tes. Quant au public âgé, le lieu ne pourra pas s’occuper des personnes dépendantes. L’objectif, en créant le lieu, est tout de même d’éviter au maximum le vieillissement des personnes et les phénomènes de dégénérescence, fréquents lorsqu’il y a isolement de la personne et absence de contact avec l’extérieur.
Concernant les personnes à mobilité réduite, chaque logement sera conçu pour pouvoir faire face, à un moment ou un autre de son existence, à un handicap. Un travail d’aménagement d’intérieur avec l’architecte qui s’intéresse de près au projet est déjà en cours.
– le destin de la personne vieillissante : que devient-elle en résidant à EDEN ? Reste-t-elle deux, trois ans puis doit-elle déménager dans une maison de retraite ou une structure médicalisée ?
Si l’on prend en compte l’aide intergénérationnelle et le lien social développés au sein de la communauté, on observe un ralentissement du vieillissement de la personne.
– qu’en est-il de l’économie sociale et solidaire auquel le projet se réfère ? A terme, des activités économiques de filières courtes seront mises en place, comme l’aide à l’installation d’un maraîcher bio et d’une épicerie solidaire. Aussi, l’intégration de travailleurs en insertion professionnelle et le choix d’un statut juridique sous forme de SCOP ou de SCIC est envisagé.
– et enfin, au sujet de la rentabilisation des investissements faits et des charges générées pour la communauté, de quelle façon procéder ?
L’intérêt de l’habitat participatif est la mutualisation des coûts en partageant des pièces communes dont on n’a pas un besoin quotidien (chambres d’amis, bibliothèque, buanderie, salle de jeux »¦). Pourquoi ne pas ouvrir un gîte, ou tout autre lieu d’éco-tourisme qui permettrait à nos voisins allemands, qui sont très en avance sur le sujet, de venir échanger à propos de cette pratique collaborative ?
J’ai suggéré à Madame Le Roux, qui connaît déjà de nombreux acteurs comme HABICOOP et la Fabrique à Initiatives de Seine-et-Marne, de rencontrer mon amie Suzanne à la Fonderie de Vanves et d’entrer en contact avec Les Castors, fameuse coopérative d’auto-construction fondée suite aux dégâts matériels de la Seconde Guerre mondiale, prenant la suite d’autres coopératives nées après la Première Guerre.
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