Communiqué de presse

Modification de la statuaire de l’hémicycle sénatorial

mardi 1er avril 2014, par 0.20 Perline Noisette, Hélène Lipietz

Hélène LIPIETZ, sénatrice de Seine-et-Marne, se félicite de la décision prise par le Sénat, suite à ses suggestions, de changer la statuaire monumentale de l’hémicycle du Sénat.

Dans le cadre des travaux de rénovation effectués durant la pause électorale, trois des huit statues d’hommes qui ont pensé l’action publique durant les temps anté-républicains ont été remplacées par des statues de femmes qui ont, tout autant, œuvré pour que la France soit une Nation toujours plus libre, plus égalitaire et plus fraternelle, à défaut d’être plus paritaire.

C’est dans le strict respect de l’article premier de notre Constitution qui indique que « la loi favorise l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives, ainsi qu’aux responsabilités professionnelles et sociales. » que ce changement a été effectué.

La parité dans les urnes devrait d’ailleurs s’inscrire dans le paysage électoral français avec autant de bonheur que ces nouvelles statues dans le cul de four de l’hémicycle de 1841.

Hélène LIPIETZ se réjouit que 37,50 % des statues représentent ainsi des femmes (alors que 22 % des sénateurs sont des sénatrices), que 12,5 % soient issues d’une minorité visible (contre 3% dans l’hémicycle).

Enfin, elle est fière, en tant que sénatrice Seine-et-Marnaise, qu’il soit rendu hommage à cette grande dame du Gâtinais français qu’est Christine de Pisan.

La nouvelle statuaire de l'hémicycle sénatorial

Quels choix de retrait et d’ajout ?

Le choix a été présidé par la nécessité de ne pas bouleverser la représentation des siècles passés.

1- Jean-Etienne-Marie PORTALIS(1746-1807) co-auteur du code civiloù les femmes sont sous la tutelle de leur mari ou père, par ailleurs panthéonisé, a cédé la place à  :

Mulâtresse SOLITUDE(1772-1802), conçue d’un viol de sa mère esclave par un marin lors de sa déportation en Guadeloupe. Elle fut citoyenne le temps que la France napoléonienne reniât la libération révolutionnaire des esclaves. Luttant les armes à la main pour que l’enfant qu’elle portait naquît libre, elle fut pendue le lendemain de son accouchement, son enfant s’ajoutant ainsi aux biens d’un propriétaire d’esclaves (sa vie fut romancée par André SCHWARZ BART dans La Mulâtresse Solitude). Elle dominera pour toujours le fauteuil de Victor SCHOELCHER qui fit voter l’abolition définitive de l’esclavage le 27 avril 1848.

2-Michel de L’HOSPITAL (1507-1573) fut un grand partisan de la tolérance en matière religieuse et réformateur des finances publiques de la France. A l’époque la dette représentait 58 fois les recettes. Il bénéficie, à Paris, d’un Boulevard à son nom. Il est remplacé par :

Olympe DE GOUGES(1748-1793) guillotinée pour avoir «  créé des sociétés de femmes, abandonné les soins de son ménage et voulu politiquer  ».

Outre la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, elle est l’auteure de nombreux écrits, préconisant l’instauration du divorce, la suppression du mariage religieux, la création d’un contrat civil signé entre concubins, la reconnaissance des enfants issus de liaisons nées d’une « inclination particulière », la libre recherche de la paternité et la reconnaissance d’enfants nés hors mariage, l’institution d » une protection maternelle et infantile et la création de maternités. Elle recommandait enfin la création d’ateliers nationaux pour les chômeurs et de foyers pour mendiants.

Elle écrivit « La femme a le droit de monter sur l’échafaud, elle doit avoir également celui de monter à la Tribune » ce qui fut ainsi obtenu 150 ans plus tard.

3- Henri-François D’AGUESSEAU(1668-1751) : parlementaire puis ministre, philosophe, il a conçu un système de philosophie politique qui allie rationalisme cartésien, égalitarisme, morale janséniste et gallicanisme, ce qui est remarquable. Il œuvra pour une simplification et une uniformisation des lois qui n’ont toujours pas abouti. Il est remplacé par :

Christine de PISAN(1364-1430) première femme connue à vivre de sa plume, « de femelle devins masle ». Outre un livre de stratégie militaire, elle mena le combat pour la réputation des femmes, compromise par les écrivains misogynes qui les accablent de critiques imméritées. Dans »œla cité des dames », elle attribue l’inégalité intellectuelle entre hommes et femmes non à la nature, mais à l’éducation et aux représentations d’elles-mêmes fournies aux femmes par le discours dominant [1].

Son poème,  »œmoi Christine qui ai pleuré » trouvera ainsi écho dans les débats du Sénat, chambre des territoires :

 »œQui vit donc chose advenir

Plus hors de toute atteinte,

Laquelle à noter et de laquelle se souvenir

Est bon en toute région

C’est à savoir que France, de qui discours,

On faisait qu’à terre était renversée,

Soit par divine mission,

Du mal en si grand bien changée »

Photo ©senat/S.Benromdhane
aménagements Perline NOISETTE
Notices biographiques inspirées de Wikipédia,
du site »œreines et héroïnes d’Afrique »

P.-S.

Louise-Michel, chère à mon cœur puisque notre fille ainée se prénomme ainsi, n’a pas sa place dans l’Hémicycle, étant née après la Révolution...

Documents joints

Notes

[1lire sa biographie par Régine Pernoud : Christine de Pisan, livre de poche

Forum

5 Messages

  • Chère Héléne,

    te voici bien badine, en ces temps de changement, je suis heureux de cette rénovation au Sénat, mais regrette que l’on ait oublié les animaux qui ont fait la France, qui pour se souvenir du cheval blanc d’henri IV, qui evoquera la triste fin du loulou de poméranie de l’impératrice Eugénie (mort écrasé chez FAUCHON par une montagne de macarons, qui aura soin de prier pour la paix éternelle des serins d’yvonne de Gaulle.

    Il faut que ça change, merci de proposer la création d’un bestiaire sous les statues des uns et des autres A ce propos je suis sur qu’il reste à VALERY GISCARD D’ESTAING un ou deux chiens que l’on pourrait empailler avantageusement

    bises, et bon premier Avril

  • Les animaux représentent quelques symboles comme le « Cheval Blanc d’Henri IV »,mais l’essentiel n’est pas là  :

    .C’est la PARITE HOMME/FEMME, dna ma gestion economique, sociale ,la solidarite,l’egalité des traitements....

    On en est encore très loin en France et il faut que cela gagne le monde entier.H.Lienhardt helene.lienhardt@orange.fr

  • Bravo d’avoir fait faire ce changement de statuaire au Sénat. Il était temps que l’on ôte ces hommes qui ont œuvré pour inférioriser les femmes comme Portalis qui a rédigé le code civil napoléonien, faisant de la femme une mineure juridique. Je suis ravie que Christine de Pizan ait sa place au Sénat. Je suis une grande admiratrice de cette femme, première à vivre de sa plume et de sa maison d’édition. Elle a osé s’opposer aux « hommes détenteurs du savoir » de l’époque pour les critiquer dans leur conception des femmes et de la soi-disant « galanterie » du Roman de la Rose. Elle a analysé la condition inférieure fait aux femmes dans la société de son époque et surtout demandé que les filles et femmes aient accès à l’éducation qui leur était barrée. Sa "Cité des Dames" est un trésor et montre ce que les femmes sont capables de faire pour une société différente. Je suis ravie aussi pour Olympe de Gouges et Solitude. Enfin une façon de rendre visibles les femmes qui ont joué un rôle important dans l’histoire de notre pays . Il faudrait faire de même à l’Assemblée nationale. Amitiés Claire Desaint Vice-présidente Réussir l’égalité femmes-hommes

  • Madame la Sénatrice,

    Votre message « urgent » du premier de ce mois, qui perpétue la tradition du poisson d’avril, est une heureuse initiative montrant que la représentation nationale n’est pas fermée à l’humour.

    Excellente idée en effet que d’annoncer triomphalement, le jour même où la France a le regard tourné vers le changement de gouvernement après des élections qui font parler jusqu’à l’étranger, que désormais dans l’hémicycle du Sénat, trois statues de femmes remplaceront trois statues d’hommes. Mieux : cette statuaire de progrès représente maintenant 37,5 % des statues de l’hémicycle, tandis que 12,5 % sont des statues »¦ « issues de la diversité ». La religion des quotas n’avait pas encore converti les statues, c’est chose faite. Mais les missionnaires ne doivent pas s’arrêter en si bon chemin, il y a encore bien des mécréants. Combien de tableaux aux murs de la Haute Assemblée qui représentent des hommes, et combien des femmes ? Et les livres dans la bibliothèque, quel quota d’auteurs féminins ou « diversitaires » ? Et les oiseaux dans le parc ? Hmm ?

    Il fallait bien cela pour distraire les Français de leurs quotas habituels : la part de leur revenu engloutie par les impôts, le loyer, les transports ; le pourcentage de chômeurs ; les chiffres de la délinquance ; les charges des entreprises. Mais pour les rendre complètement insouciants, il eût fallu y ajouter les quotas de handicapés, de nains, d’obèses et de chauves.

    Les trois lauréates ont aussi de quoi réchauffer le cœur de nos compatriotes. Pour une Olympe de Gouges qui a en effet des titres à faire valoir devant la postérité, il y a deux illustres inconnues tirées d’un néant où elles semblaient à leur place, mais qu’importe le flacon pourvu qu’on ait le sexe. Elles remplaceront victorieusement deux grands législateurs et le tolérant chancelier de Catherine de Médicis, coupables de chromosome Y.

    J’espère que l’on ne s’en tiendra pas là , et que la discrimination mortuaire qui sévit au Panthéon depuis plus de deux siècles va prendre fin. Pour accompagner les esseulées Marie Curie et Sophie Berthelot (qui même là , sont flanquées de leur macho de mari) on va ratisser large.

    Et pour finir prenons exemple sur la progressiste Suède, où on réfléchit à supprimer le genre dans le vocabulaire (le pronom neutre « hen » devant se substituer à « il » et « elle »), et où les petits garçons commencent à être rééduqués pour uriner assis, afin d’effacer cette choquante différence entre les sexes.

    Voilà , c’était une bonne idée de montrer que les élus sont proches du peuple. Ils s’amusent le premier avril, comme tout le monde. C’est réconfortant.

    J. SCIPILLITI