Dimanche Jour J
– Comme vous êtes marqué refuge LPO, vous ne voudriez pas vous occuper des oiseaux que j’ai trouvés ? me dit une petite voix d’enfant.
Je descends voir et je tombe sur un petit garçon avec à la main un nid et deux oisillons, les yeux ouverts ou presque et les plumes commençant à pousser.
Ce sont manifestement des insectivores, vu le bec. Le petit garçon a trouvé le nid près de la Seine, un corbeau qui s’attaquait à un des trois oisillons. Récupérant le nid et les deux survivants il est rentré chez lui au grand dam de sa mère, faisant de l’allergie aux oiseaux [1]...
Elle s’est souvenue avoir vu sur ma porte de jardin le panonceau « refuge LPO ».
J’ai eu beau essayé d’expliquer que le gavage des canards, pardon, des oisillons était chose facile, le désespoir de l’enfant et sa crainte de ne pas arriver à les sauver, m’ont fait céder. Tout à mon ennui , j’ai oublié de demandé à cet enfant son téléphone, il n’a donc pas de nouvelles des petits.
J’ai commencé par leur donner de la pâtée pour chien comme j’avais fait il y a 40 ans quand j’avais nourri une pinsonne.
Puis j’ai essayé de voir auprès de Joël, grand sauveur devant l’Eternel de batraciens et compteur émérite de buzards seine-et-marnais grâce à ma réserve parlementaire, si la Pie verts bio 77 ne pouvait pas les prendre en charge, bref j’ai essayé de passer les patates chaudes... devant ses encouragements sur mes capacités à nourrir les humains donc les oiseaux, je suis restée avec ces petites boules de plumes sur les bras. J’ai donc d’abord posé le nid, fait d’herbes entourant deux branches et de quelques plumes dans un bol et me souvenant que l’hiver ayant été doux j’avais encore tout plein de vers de farine déséchés et de nourriture spéciale « rouges-gorges » fabriquée par les Allemands, pourvu que les oiseaux soient moins bêtes que nous et ne soient pas racistes ! J’ai donc écrasé vers et nourriture, mouillée avec un peu d’eau et sacrifié une vieille pince à épiler. et c’est parti pour une becquée toutes les 20 minutes.
Et comme il avaient froid, je les ai recouverts d’une manique et j’ai posé leur bol sur le chauffage des serviettes de la salle de bain, oui il fait encore un peu frisquet le soir pour prendre son bain...
Lundi J+1
réveil à 6 heures pour la première becquetée, redodo, puis réveil une heure après pour une becquetée toutes les 20 minutes. Je trouve qu’être mammifère est quand même plus simple, on accroche le petiot à la mamelle et on se rendort avec, comme je le faisais pour mes trois petits [2]...
Devant faire la comptabilité du bureau, j’emporte les petites bêtes dans un panier à la taille du bol...
ils restent sous la manique toute la journée.
Mardi J+2
Je dois changer le panier, les oisillons commencent à sortir de leur nid et à agripper partout... d’où l’énorme panier pour transporter, oiseaux, nourriture et nid avec moi en voiture ou ailleurs... J’ai l’air fine.
Mercredi J+3
Le nid est immonde, même si les oiseaux se retournent pour faire leurs petites crottes enveloppées d’un sac en plastique bio, hors du nid, une becquetée est toujorus coupée d’une crotte
Je ne suis pas douée pour la becquetée et donc beaucoup de ma tambouille tombe dans le nid.
Je cherche donc de vieilles chaussettes pour couvrir le nid.
Jeudi J+4
Les plumes sont vraiment là et la queue commence à apparaître. J’ai mis des tiges dans le panier pour qu’ils puissent apprendre à agripper et le temps que je nettoie leur habitation, je les mets sur les branches, pour qu’ils se fortifient les ailes... me voila prof de gym pour oisillons, l’écologie mène à tout !
J’ai aussi compris qu’il ne faut pas leur présenter la pince à épiler tant qu’ils n’ouvrent pas le bec, on ne fait pas manger un oiseau qui n’a pas faim..
Et surtout extraordinaire, dés que la nuit est tombée, ils ne réclament plus rien, dorment même quand je les transporte ou bouge leur panier... jusqu’à 6 heures du matin !
Vendredi J+5
Posés sur la branche, ils battent des ailes... et je crois que je commence à savoir qui c’est... Et vous ? Le seul problème c’est qu’ils sont sales, à cause de la becquée pas vraiment au point...donc je les lave avec un coton imbibé de thé, de l’eau doit faire aussi l’affaire. Ils commencent d’ailleurs à se lisser les plumes.
Cet après-midi je pars à Avallon, avec leur panier... peut-être que je trouverais une bonne âme pour finir leur éducation à ces petits, n’est-ce pas Thiébault ?
Le jeux de l’été
Bien-sûr, la première personne qui identifie mes hôtes, gagne une sortie mycologique avec son ex-sénatrice préférée avec cours de cuisine des champignons... C’est aussi bien qu’un repas au Sénat...
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