BATISTI

non à la perpet

mercredi 6 octobre 2004, par Hélène Lipietz

Certains m’ont reproché d’avoir accepté de signer pour Battisti, accusé d’un crime qu’il nie, mais dont il a été le contemporain si ce n’est le contemplateur.

Pourtant, ce qui me choque aujourd’hui, si longtemps après les faits, dans cette affaire, ce n’est pas seulement la prétendue participation de ce monsieur à une oeuvre terroriste, il y a une vingtaine d’année, ou la décision française de renier sa parole, ni même l’impossibilité italienne juridique d’être rejugé, mais les conséquences de l’extradition : doit-on accepter aujourd’hui que la Justice condamne à vie un homme alors que l’homme n’est pas prédéterminé, alors que l’homme est la somme de ses actions mais aussi de ses réflexions ?

L’homme change, celui qui a passé 20 ans en cavale n’est plus le même. Celui qui a purgé 10 ou 15 ans n’a plus rien à voir avec celui qui a commis le crime, même s’il est capable de récidiver, sa récidive sera de toute façon différente de la première fois. Un jour peut-être je parlerai de mon analyse des criminels sexuels qui sont à part.

Accepter de renvoyer qui que ce soit pour subir un condamnation à vie est aussi scandaleux que d’accepter qu’en France existe encore une telle peine.

Pourtant qui, chez les Verts, a mis en avant ce scandale de notre droit : on punit de prison à perpétuité un homme qui n’est plus le même que le jour de son crime ou de son arrestation. Qu’on ne dise pas que Patrick Henry est l’exemple qu’un homme ne change pas : un meurtrier d’enfant n’est pas un trafiquant de drogue.

Bref, même si aujourd’hui je regrette la fuite de Cesare, je ne regrette pas d’avoir signé pour lui car le fond du problème n’a toujours pas été traité : que mettre à la place de la prison à vie dans notre système judiciaire ?

A nous les Verts d’inventer un réponse à ce défi social : il y aura toujours des tueurs, réels ou prétendus, comment les punir, protéger la société et comment surtout réparer, l’irréparable. Chaque homme est une histoire de l’humanité.

Je sais que c’est un vrai problème politique , enjeu bien compris du Front National, et je n’ai pas d’idées à proposer si ce n’est une limitation des peines à 15-20 ans de prison avec l’obligation pour l’Etat d’y mettre le paquet pour reconstruire une personnalité inhumaine : travail vraiment payé permettant de ne pas sortir pauvre à défaut de sortir riche, formation professionnelle de chaque détenu, même âgé, prise en charge éducative au sens propre : c’est-à -dire conduisant vers la liberté

La punition n’est rien si il n’y a pas d’après.

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