L’association « tout simplement »

ou la « simplicité volontaire »

lundi 3 février 2014, par Hélène Lipietz, Emmanuelle Orvain

L’association ’Tout Simplement’ a 10 ans d’existence cette année. Elle s’inspire du mouvement québécois de « simplicité volontaire » ainsi que des idées de Pierre Rhabi et d’Hubert Reeves, par exemple.

Les 3 adhérentes présentes, Sylvia, Thérèse et Corinne, par ailleurs guides composteurs, initient des réunions toutes les trois semaines avec la trentaine d’adhérents à l’association.

Ces rencontres ont pour objectif d’encourager les démarches personnelles et collectives de simplicité volontaire. Depuis 6 ans, un grand rendez-vous annuel est organisé à Chevry-Cossigny au mois de mai pour célébrer le vivre ensemble et le partage.

Thérèse m’expliquait que : « L’objectif de l’association est vraiment de réapprendre à faire des choses ensemble, partager des moments intergénérationnels. C’est pourquoi ’Tout Simplement’ crée des ateliers collectifs ».

Idées bien arrêtées

Les membres de ’Tout Simplement’ mènent une action collective en réunissant des idées (le lien à la terre, la communication non violente) et en effectuant une action publique en accord avec les valeurs de simplicité volontaire.

« Chacun est maître de son action, comme par exemple boycotter les supermarchés. Les élus peuvent également agir en soutenant les initiatives locales ». Tel est le message que souhaite faire passer l’association comme le montre son dépliant.

Dépliant de l'association

Dépliant de l'association

J’ai suggéré qu’il faudrait promouvoir les réunions virtuelles par Internet qui représentent un gain de temps (et un gain d’énergie lorsqu’on pense que des interlocuteurs des quatre coins du monde peuvent discuter entre eux par ce biais en évitant autant de vols en avion ou déplacements en voiture !). Mes interlocutrices n’étaient pas réellement attirées par ma proposition, alors que je suis convaincue que l’informatique a un intérêt réel dans les économies d’énergies et autres dépenses de transports. Bien évidemment, se pose la question intellectuelle de la dépendance aux nouvelles technologies, dont je refuse d’être esclave.

L’association souhaite être pionnière, montrer l’exemple au niveau local, en guidant vers un autre mode de vie, sans imposer ses idées de but en blanc. Mais les membres de l’association sont d’accord pour dire que le système fait en sorte que les gens ne soient jamais prêts à changer. Par exemple, l’utilisation d’un lave-vaisselle semble déranger mes interlocutrices qui prônent une vaisselle à la main, avec une attention particulière portée au type de nettoyant et au nombre de litres d’eau dépensés. Certes »¦ C’est une solution. Mais qui s’occupe de laver la vaisselle ? Les femmes. Même si els hommes font un effort, il faut être programmatique ou réaliste... et personnellement je préfère prendre du temps pour lire ou tricoter que de faire la vaisselle et être simple n’est pas synonyme de se couper du confort des temps modernes !

Les membres cherchent aussi à s’engager dans des actions locales impactantes :

C’est très bien et c’est une démarche encourageante que d’expliquer aux gens que l’on peut avoir gain de cause lorsque l’on se bat, et retrouver son pouvoir citoyen, très souvent négligé.

Seulement, qui peut se permettre le luxe de prendre le temps de vivre, à l’heure où tout va toujours plus vite ? Les trois bénévoles me répondaient que la mise en place d’un revenu universel pourrait régler certains problèmes et serait certainement plus positif pour l’ensemble de la société que les écarts de salaires monstrueux que l’on connait dans le système actuel entre un patron de grand groupe et ses employé-es.

La vision micro et la version macro

L’association désire entrer en contact avec les élus locaux et en recevant mon invitation, suite au rendez-vous avec Alliance Terre Vie, le trio de volontaires était surpris : le Sénat restant à leurs yeux une institution d’ampleur nationale

Cette analyse citoyenne va à l’encontre de l’argument de mes collègues sénateurs à propos du (non-)cumul des mandats : le Sénat serait une institution représentant les territoires... Ces citoyennes là ne semblaient pas le savoir :-)

Notre débat fut animé, à cause de notre approche distincte de l’écologie : environnementaliste ou politique.

J’ai essayé faire comprendre à mes interlocutrices la différence entre un discours environnementaliste provenant d’une association locale, qui agit au niveau « micro », et celle d’un discours politique ayant pour vocation d’organiser l’ensemble de la société. Ce n’est pas la même approche et forcément, les actions n’ont pas les mêmes conséquences non plus !

De mon côté de la lorgnette - celui de l’écologie politique, où l’homme et la femme dans la société passent avant l’environnement : « il faut avancer à petits pas. En rencontrant les associations très locales comme ’Tout Simplement’, je grappille des idées qui nourrissent ma réflexion politique »¦ ».

Nous avons conclu notre rencontre par une suggestion de financement d’une serre ou d’un abri de jardin pour le jardin partagé, par le biais de ma réserve parlementaire 2015.

Reste à résoudre cette question : comment faire pour que la société aujourd’hui , façonnée par 60 ans de consumérisme, s’approprie les idées développées par l’association, et non que les valeurs de l’association qui sont aussi miennes soient imposées par le haut, à des personnes qui n’y sont pas préparées ?

Bref, encore d’autres associations à rencontrer qui œuvrent sur leur territoire vers plus de simplicité, pour trouver les moyens politiques d’une telle utopie !

P.-S.

Tout Simplement 1, Rue de Longuelet 77173 Chevry-Cossigny

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