J’aurai tellement voulu vous dire à tous, famille, amis et habitants de son Villar, ce qu’il fut pour moi mais aussi pour tous ses élèves.
Je devais avoir 14 ans quand il animait les stages de compet...combien de piquets avons nous mangés avec lui ? A l’époque les piquets restaient droit et il fallait les taper pour faire plaisir à Geo. Heureusement l’après-midi c’était le hors piste, alors que Monetier n’était pas relié à Chantermerle... à partir de la Cucumelle quelles descentes avec la bande des Prost et des Landes... On était fou avec toi mais tellement en sécurité. Tu nous faisais aller au bout de nos spatules tout en nous rappelant le danger de la Montagne... y compris les vipères, enfin cette vipère que tu tuas d’un coup de ski, le regrettant après.
Que la montagne va être vide sans tes « faut que ça gerbe » et que le ski va être morne sans toi. Comment allons nous monter au Prorel et redescendre pile-poil sur les dernières neiges. Comment vais-je transmettre à mes petits enfants, Clémence et Xavier que tu as eus comme élèves, la dernière année de ta carrière, ce que tu m’as appris sur la neige, sa transformation et où en trouver quand il n’y en a plus... sous Montgenèvre avec la pente sans neige mais à l’herbe qui glissait aussi bien et la fin sur un ruisseau qui avait conservé un pont de neige... que de connaissances qui sont parties avec toi.
Et le couloir sous Cucumelle que tu avais balayé dans un sens et moi dans l’autre, en godille bien-sûr, la dégarnissant de sa blancheur, les autres skieurs ne voulant pas croire que nous avions pu la descendre...
Et la dernière année où tu as pu skier avec moi, notre joie d’entendre par quatre fois dire que nous skiions en symbiose.
Et nos randonnées pédestres avec Rémi qui te faisait après manger des champignons qui te faisaient si peur.
Les « peaux-Rouges » le chalet des parents, est aussi ton œuvre : peintures extérieures, vernis intérieur, pose de la décoration et le déplacement de la lampe au-dessus de la table qui te valut une bonne « châtaigne », parce que, bricoleur comme pas deux, tu ne voulais pas couper l’électricité. Tu étais tellement fier de tes mains, de ton savoir de serrurier, appris au lycée. Tu as mis tant de cœur pour retaper le Chambron où nous étions si bien Rémi et moi ou ta grange. Et ton désespoir, il y a 5-6 ans quand tu ne pouvais plus te servir de tes mains, les nerfs brûlés par les rayons, ce désespoir lu dans tes yeux quand tu n’as pas pu réparer une simple boîte en fer blanc.
Et ta fierté d’être un vrai haut-alpin, connaissant les ancêtres et leur vie si dure, tu aimais tant ton Villar-Laté
Je crois que je n’aurais jamais fini d’écrire tout ce que tu es, tu fus pour moi, mon Geo. Il va falloir que j’apprenne à vivre sans notre complicité.
Mon Geo, tu es parti retrouver les flocons, chaque flocon qui se posera sur moi sera un souvenir de toi et de nos 46 ans de ski ensemble et d’entente au-delà de nos oppositions.
Merci pour tout et merci d’avoir été le parrain de Maïeul.