FORT de Vaujour

ADENCA

Association de défense de l’environnement de Claye-Souilly et ses alentours

jeudi 6 février 2014, par Hélène Lipietz, Emmanuelle Orvain

J’ai rencontré Mme Lopez »“ présidente de l’association ADENCA, Mme Buisson - présidente de Nature Environnement 77 et M. Redon - président d’Environnement 93, représentants d’associations membres du collectif Sauvons la Dhuis. Ils sont tous trois venus à ma rencontre pour me parler de l’ancien fort de VAUJOURS" , vendu par le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) à la société Placoplâtre, de son possible devenir et des répercussions sur l’environnement, le personnel et les riverains.

Voir en ligne : Apprenez-en plus sur les actions d’ADENCA

Les associations rencontrées

« NE 77 » et « Environnement 93 » sont 2 fédérations d’associations environnementales, l’une pour la Seine et Marne, l’autre pour la Seine St Denis :

Ces trois associations sont à l’initiative du collectif « Sauvons la Dhuis » qui se mobilise pour lutter contre la pollution laissée par le CEA.

Mme Buisson soulignait que « les associations locales sont très intéressantes car elles se saisissent de dossiers qui peuvent ensuite être relayés plus largement par NE77 ».

Problèmes rencontrés et dénoncés

On parle beaucoup de trame verte et bleue et de corridor écologique, défense du massif de l’Aulnoye (colline) entre Courtry et Coubron qui vient de Villemomble et qui s’étend jusqu’à Annet-sur-Marne.

Aujourd’hui, le collectif « Sauvons la Dhuis » dévoile un tabou et lutte contre le fatalisme : la pollution de l’ancien CEA et son avenir visiblement incontrôlable. Les associations du collectif "Sauvons la Dhuis » demandent :

  • une étude d’impact indépendante réalisée par des organismes tels que la CRIIRAD (Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité),
  • la mise en place d’un réel périmètre de protection afin que le site soit absolument protégé et qu’aucune occupation des sols et d’exploitation des sous-sols ne soient autorisées,
  • de déterminer les causes exactes des taux anormaux de décès par tumeurs sur la commune de Courtry,
  • la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire relative aux conséquences des expérimentations nucléaires réalisées au sein du CEA de Vaujours-Courtry.

Historique du site

Sur la période 1870 »“ 1876 s’est érigé un fort, le Fort de Vaujours, qui militairement n’a quasiment jamais servi. Il a été utilisé par les allemands pendant la guerre de 40 pour stocker des réserves de munitions et des batteries anti-aériennes. Les soldats ont fait exploser une partie de ce dépôt à leur départ.

Le Commissariat d’Energie Atomique (CEA) prend possession des lieux en 1951 pour tester les détonateurs de la bombe atomique française. Pour La mise au point de ces détonateurs, le CEA faisait exploser des bombes factices constituées de sphères d’uranium appauvri. A ce moment-là , la protection n’existait pas, qu’il s’agisse du personnel par le biais de combinaisons spécifiques, des riverains ou de l’environnement aucune précaution particulière n’était prise.

Cela a duré 40 ans. Tout n’était pas fait à l’air libre, mais les bombes explosant à l’extérieur renvoyaient des particules de poussières un peu partout en dehors du Fort. A l’intérieur, un simple lavage par un jet d’eau puissant était effectué après chaque essai (jusqu’à 8 tirs par jour), l’eau partant dans des puits sans fonds.

Tir froid à l'uranium pris avec une caméra haute-vitesse (Source - Archive CEA)

A la fin des années 1970, le site est délocalisé Les essais d’explosion à l’air libre sont délocalisés dans l’Aube : les autorités se rendant progressivement compte de la dangerosité d’un site si proche de la région parisienne en constante expansion.

En 1997, le fort ferme.

En 2000, l’Etat revend au domaine public. Le CEA dit qu’il a dépollué, l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (ANDRA) gère les déchets et décharges nucléaires appuie et donc le site est officiellement exploitable pour une autre activité.

En 2002, une enquête publique est menée. Un certain nombre d’éléments sont remontés quant à la radioactivité du site. Depuis, la Préfecture a créé une servitude, interdisant l’exploitation du lieu pour y installer des crèches, des écoles, des établissements recevant du public (ERP) ou des activités agricoles.

Les pollutions dans et autour du Fort de Vaujours

Aujourd’hui, des ouvrages comme Si Vaujours m’était conté expliquent qu’il s’agissait d’un terrain de jeu pour scientifiques, et qu’aucune précaution particulière n’était prise ni pour les scientifiques, ni pour le personnel en charge de l’administration. De plus en plus d’anciens employés du CEA racontent leurs conditions de travail et confirment ce qui était pressenti par les associations et les riverains. Certains témoignent auprès de l’Observatoire des armements nucléaires, créé par des militaires irradiés (OBSARM).

« Il y a un certain nombre de particules qui n’ont jamais été mesurées, ni dans le fort ni à l’extérieur. Or, il pèse une lourde présomption de pollution radioactive qui serait susceptible d’engendrer des problèmes dans l’eau. » soulignait le trio de présidents d’associations. En effet, un rapport du de la CRIIRAD démontre une pollution radioactive. Le CEA n’a cependant jamais versé les fonds nécessaires pour faire une étude plus poussée.

Selon ADENCA, il serait très pertinent de contrôler la radioactivité dans les rus et rivières avoisinants, ainsi qu’au niveau des stations de pompage de l’eau. J’ai financé un équipement à Nature Environnement 77, en complément duquel il faut une formation dont le coût avoisine les 6 000€ pour savoir l’utiliser correctement.

Un membre du collectif « Sauvons la Dhuis » a également contacté l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (INERIS) qui a confirmé n’avoir fait aucune étude sur ce site. « Pas de contrôles, pas de problèmes ! », s’exaspérait Mme Lopez.

L’avenir

Une entreprise souhaite s’implanter sur le site du CEA pour extraire le gypse de cette principale réserve nationale, et risque donc de remuer des particules radioactives. De plus, qui dit carrière aujourd’hui dit décharge demain !

L’entreprise joue sur les emplois qu’elle créerait en s’implantant sur ce site. Une crainte s’ajoute à cette promesse : il y a une volonté de restituer les lieux aux espaces naturels après avoir rempli la carrière avec des déchets inertes supplémentaires ! La réplique connue de toutes et de tous autour de la table « nos enfants et petits-enfants trouveront la solution au traitement des déchets (y compris nucléaires) » est insupportable. Pourquoi ne serions-nous pas capables de trouver nous-mêmes la solution aux problèmes que déjà plusieurs générations dénoncent pour permettre à nos enfants et petits-enfants de vivre dans de meilleures conditions ?

Les canaux utilisés pour rester mobilisés

Il est temps de sauver ce « coin » de Seine-et-Marne qui, depuis l’implantation de l’aéroport de Roissy cumule les maux (le glycol qui sert à dégivrer les pistes et dont les additifs sont inconnus, les pollutions chimiques en provenance de diverses zones industrielles, les décharges »¦). Ce cocktail explosif a certainement des répercussions sur les habitants ainsi que l’environnement. C’est très dommage qu’ADENCA, qui dénonce de graves problèmes de santé publique, n’ait pas le droit d’assister au forum des associations de sa ville. C’est insensé !

La manifestation « Sauvons la Dhuis » avait regroupé entre 900 et 1000 personnes (dont beaucoup de familles). Le lieu est déjà bien pollué avec des décharges sauvages »¦

Décharge sauvage, Aqueduc de Dhuis, Septembre 2012

Il faut donc se mobiliser. Pour cela, je vous invite à signer la pétition, et à vous rendre dans les manifestations prévues les 1er et 8 Février 2014 pour lutter contre la pollution, les déchets et les problèmes rencontrés à Courtry, commune proche de Claye-Souilly.

Novembre 2011, manifestation victorieuse pour empêcher la vente de 4,7 kms de la Dhuis à une entreprise privée.

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