SCOP Royal Boui Boui

ou l’art du cirque en version encore plus humaine

vendredi 24 janvier 2014, par Hélène Lipietz, Emmanuelle Orvain

Ludo et Olivier se connaissent depuis 1998, lorsqu’ils ont intégré l’Académie Fratellini. S’entendant très bien, ils décident de rapprocher leurs savoirs pour former une troupe. Ecrivant différents spectacles sous différentes formes, ils tournent au Zèbre de Belleville pendant 10 ans. Ces expériences communes autour de la création de spectacles intergénérationnels et familiaux ( « Nos représentations ont la mention ’à partir de 4 kg’ », me précisait en souriant Olivier) renforcent leur solidarité et les amènent à rêver d’un nouveau mode d’entreprise, plus équitable que le système en place.

Voir en ligne : Pour découvrir les fantaisies de Royal Boui Boui...

Un statut juridique en accord avec les valeurs des fondateurs

Ils fondent alors la Société COopérative de Production (SCOP) Royal Boui Boui, avec l’ingénieur du son qui travaille avec eux et qui devient le gérant de l’entreprise. Et pour eux la fin de leur troisième exercice sous ce statut (2013).

Royal Boui Boui a été lauréat de l’appel à projet ESS (Economie Sociale et Solidaire) du 20e arrondissement de Paris. Grâce à la subvention perçue, la SCOP a créé un emploi à mi-temps de chargée de production et diffusion.

Affiche pour le spectacle « Les Renzo » - octobre 2013

Un chapiteau itinérant, mais pour quoi faire ?

L’utilisation d’un chapiteau itinérant pour un spectacle de cirque - mais pas que de cirque - doit permettre de faire bouger les mentalités. Quant à la Seine-et-Marne, elle présente l’avantage d’être à la fois très urbaine et très rurale. Mais sa richesse humaine, patrimoniale et associative n’est pas encore suffisamment valorisée »¦

Royal Boui Boui cherche donc à apporter la culture du cirque au plus près d’un public très demandeur, mais aussi à partager un outil de travail pour y (faire) découvrir d’autres formes artistiques (théâtre), y créer des ateliers d’initiation à l’art du cirque »¦

Les deux hommes cherchent constamment à relever des défis. Ainsi, ils développent des sessions dédiées à l’insertion par l’emploi (avenir jeunes, solidarité jeunesse, France Terre d’Asile). « Cela nous permet de développer une forme d’utilité sociale en plus de porter haut les valeurs de la culture en général et du cirque en particulier », soulignaient en chœur les deux acolytes.

Aujourd’hui, le chapiteau, ce « lieu pliable », est stocké dans les véhicules de Royal Boui Boui, et la Mairie de La Ferté-sous-Jouarre prête son ancien terrain de camping à l’entreprise pour que la troupe puisse exercer tranquillement.

Il serait d’ailleurs question d’une installation à l’année pour créer une résidence d’artistes, une demande de subvention est en cours pour mener à bien ce projet. La Mairie proposerait ainsi une programmation culturelle mensuelle aux habitants de la commune et faciliterait également l’évolution des rythmes scolaires par l’animation d’ateliers cirque pour les enfants.

Ce chapiteau itinérant ne sert pas que dans le département de la Seine-et-Marne. Le Royal Boui Boui se déplace : Paris, Pontaubert (entre Avallon et Vezlay !), »¦ « L’intérêt de cette structure, et de nos spectacles en général, c’est la flexibilité et la capacité d’adaptation en fonction du lieu de représentation ! » expliquait Ludo.

Une activité importante sur le volet social

Les deux hommes travaillent avec les écoles (spectacles reconnus et référencés par la ligue de l’enseignement 77,93,94,78,91) et prennent cette activité comme une vraie mission, grâce à laquelle ils transmettent leurs valeurs et leur amour du crique auprès des jeunes.

Mais ils souhaitent également faire connaitre leur activité à des organismes d’insertion et d’emploi. C’est avec des étoiles dans les yeux qu’ils témoignaient d’expériences vécues avec huit jeunes entre 17 et 25 ans en échec qui ont travaillé avec le Royal Boui Boui pendant 15 jours. Ils ont découvert les coulisses, ont travaillé sur les affiches du spectacle, ont placé les spectateurs et se sont occupé de la billetterie, ont démonté le chapiteau »¦

Le petit groupe de jeunes a naturellement été initié aux arts du cirque par Olivier et Ludo. Cette session leur a servi à apprendre ou se réapproprier la précision, la mixité, la ponctualité, le travail ensemble, ainsi que le respect et le partage »¦ Finalement, Ludo et Olivier leur ont proposé de faire la première partie de leur spectacle quelques jours plus tard, réussie avec brio.

Il s’agit là d’une expérience exceptionnelle, que l’équipe souhaite reproduire.

Ce fut le cas à Verneuil-sur-Avre en Normandie dans un établissement accueillant des enfants handicapés. L’équipe a fait un travail de cinq demi-journées avec une douzaine d’enfants autistes et épileptiques, ce fut un grand moment.

J’ai suggéré que lors d’une prochaine session de ce type, il faudrait permettre aux jeunes de faire la comptabilité, pour comprendre la notion de l’argent, et le fait que l’on peut vivre d’une passion.

Un nouveau défi ?

Moi qui soutiens de longue date les personnes malvoyantes, avec l’Institut National des Jeunes Aveugles, les chiens guides, le CIE de Vaux Le Pénil, j’ai proposé à ces deux artistes de relever un nouveau défi : celui de proposer un atelier d’art du cirque avec des aveugles. Je serai fière de pouvoir contribuer à la réalisation de cette prestation enthousiasmante par le biais d’un financement au titre de ma réserve parlementaire (pour l’année 2015. 2013 et 2014 étant déjà clos).

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