Maréchal, vous voilà ...

Lorsque le Maréchal Pétain vient confirmer la collaboration de la SNCF

lundi 15 janvier 2007, par Hélène Lipietz

Un procès administratif est un procès de mots et non d’images. Les victimes ne prennent pas la parole et leur avocat très rarement.

C’est d’ailleurs une des plus grandes surprises pour les étudiants de droit, les rares, trop rares amateurs de droit administratif quand ils se rendent à une audience au Tribunal administratif, c’est d’entendre les avocats, du moins ceux qui le savent, se lever et dire : « je m’en remets à mes conclusions écrites ».

L’avocat de la SNCF a été scandalisé que Rémi plaidât à Toulouse, contrairement aux us et coutumes. Il n’avait d’ailleurs pas préparé de plaidoirie...

Bref, la bataille du droit administratif est dans les mémoires écrits et non dans l’image et les effets de manche. D’où la bataille autour des mots du procès « LIPIETZ »

  1. procès d’Alain ou procès de Papa et de Guy
  2. déportation ou internement
  3. transport à la demande des autorités de l’Etat français ou sous la contrainte de l’occupant
  4. arrêt ou jugement,

Autant de points de détails qui prouvent que la bataille du verbe est en train de prendre la place de labataille du Rail...

La négation de la SNCF

Dans son dernier mémoire, la SNCF ose mettre en doute le récit de Papa « La SNCF conteste évidemment la réalité des reproches qui lui sont faits par les Consorts LIPIETZ. Mais, pour statuer sur la compétence, les juridictions administratives n’ont pas à se prononcer sur la réalité des actes imputables »...

C’est peut-être le seul point de ce mémoire qui eut valu vraiment la peine de répondre (le mémoire en duplique fait 25 pages et sera sur le site bientôt). Avec Rémi, nous nous sommes interrogés sur la possibilité de faire un mémoire avec un unique paragraphe qui aurait été du genre « la négation des conditions de transports des requérants, contestées pour la première fois dans cet ultime mémoire, prouve que la SNCF connait la vacuité de tous ses autres moyens de défense, il n’y sera même pas répondu. »

Et puis, il y avait encore quelques clous à enfoncer et Rémi a écrit ces 25 pages, j’y reviendrai... mais avec une autre bataille de mots : qu’est ce qu’une réquisition lorsqu’il y a convention ?

Des mots à faire dresser les cheveux sur la tête !

Enfin, la dernière escarmouche vient de France Info... enfin les journalistes qui font un travail de recherche en notre faveur... et que les historiens n’ont pas fait. C’est mon marchand de journaux, dans mon quartier classé en politique de la ville, avec un projet ANRU d’ici 2 ans, qui me l’a signalé. Vendredi 12 janvier 2006, France info a passé en boucle, une émission de 4 minutes, avec interventions de C.Herchovitch, avocate de 500 demandeurs, l’avocat de la SNCF, mon cher frère et le Maréchal Pétain en personne.

Ce vieillard fut d’abord porteur d’espoir pour les Poilus désespérés de 1916, puis traitre à l’idée même d’une France, patrie des droits de l’Homme, en juin 1940. Par le miracle de la radio, celui qui a permis l’arrestation de ma famille et qui n’a jamais essayé de protéger ne serait-ce que les enfants juifs, nous donne raison 60 ans après : La SNCF a été le serviteur zélé de la collaboration d’Etat et non un simple exécutant de celle-ci. Le 5 Juin 1944, il a félicité en public la SNCF : J’ai adressé des compliments à la SNCF.Vous avez des hommes admirables, remarquablement dressés. Vous êtes les gens qui nous rendent le plus de services en ce moment.

Et mon marchand de journaux d’ajouter : « c’est terrible » !

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