un poème en guise de cri

mardi 15 mars 2011

Un poème de BARJAVELtrouvé sur le site de mon fils Maïeul. Il date de 1978...

Tant que les bombes dorment, elles ne sont pas dangereuses.

Dès que les centrales fonctionnent, elles sont dangereuses.

Les centrales servent et continuent de servir en nombre grandissant.

Et partout dans le monde, les hommes-individus se lèvent et manifestent. On les nomme écologistes.

Parce qu’il y a parmi eux des techniciens et des savants, ils savent pourquoi et comment le nucléaire « pacifique » constitue un danger mortel, non seulement pour eux mais pour leurs descendants jusqu’à la dix millième génération. A condition que générations il y ait »¦

Ils le savent aussi par cet instinct profond qui fait hurler les chiens avant un tremblement de terre.

Nos centrales nucléaires sont les filles d’Hiroshima.

Ce sont les filles du Diable, mais si elles sont assez nombreuses quand le pétrole se sera fait rare ou aura disparu, elles pourront continuer de faire bouillir notre marmite. L’inconvénient c’est qu’elles risquent, en même temps, de nous rôtir.

La folie, le délire mortel, c’est de continuer sur cette voie unique et de penser qu’on va pouvoir continuer, et surtout continuer en accélérant et en faisant siffler de joie la locomotive. Quelque part, là devant, attendent les traverses pourries, les rails déboulonnés, les aiguillages tordus. Et le ballast miné.

Il faut bifurquer vers des voies plus saines, avant le déraillement ou l’explosion, avant que le retour soit devenu impossible.

Nous qui avons reçu des Grecs, des Egyptiens, des Romains, des Sumériens, des Aztèques, des Incas, des Mayas, de ruines sublimes que nous visitons avec étonnement et vénération, nous allons laisser aux peuples du futur des blockhaus sinistres portant sur leur fronton une inscription éternelle, qu’il faudra renouveler à mesure que les langues évolueront : « Défense d’entrer ». Pendant milles siècles.

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