Il ne faut pas crier au loup

vendredi 22 février 2013, par Hélène Lipietz

Il y a parfois des moments où nous savons, que nous les écologistes, sommes totalement en minorité au Sénat. Non seulement nous sommes minoritaire numériquement mais aussi socialement et intellectuellement.

Ainsi en était-il lors de la proposition de loi déposée par le groupe RDSE (centriste «  de gauche  ») visant à créer des zones d’exclusion pour les loups.

Voir en ligne : Compte rendu analytique officiel

Ces élus souvent ruraux de départements souvent très enclavés et surtout abandonnés par les pouvoirs publics ont, en effet, déposé une proposition de loi visant à permettre l’abattage des loups [1], animaux protégés par la Convention de Berne du 19 septembre 1979 .

Notre chef de file était bien sûr Jean-Vincent Placé, qui, avec beaucoup d’humour et son analyse toujours pertinente des rapports de force, a fait la discussion générale .

Quoique arrivée après son discours pour cause de réunions diverses au sein du Sénat, j’ai participé comme j’ai pu à la discussion, plus exactement à faire le brouhaha nécessaire pour prouver notre opposition. C’est ainsi que pendant les deux heures que dura le débat, les jeux de mots fusèrent au sein de notre petit groupe, tant à l’intention de nous même pour nous remonter le moral qu’à l’intention des autres parlementaires.

Il faut dire aussi que le loup et notre culture du loup se prêtaient à tout ceci [2]. Voici quelques florilèges de notre discussion :

Alors qu’un sénateur de Seine-Maritime se présentait à la tribune il a fallut bien entendu que je sorte «  Voilà le loup de mer  » ou lorsque un argument n’était pas clair : « Il loup-voie »

Il y a eu aussi lors du vote à la tribune où nos chefs de files font la queue pour monter voter « ils sont à la queuleuleu  »

Ou encore lorsque le vote fut défavorable à la proposition de Mme Jouanno et M. Namy de supprimer l’article, je me suis exclamée «  C’est loup-pé  » .

Il y eu aussi des « bonjour les petis loups »

et l’interrogation procédurale fondamentale d’un centriste de droite, je crois : « est-il normal que le loup soit à la niche ? » : en effet, dans notre jargon, une niche est le texte réservé aux groupes parlementaires pour qu’ils puissent présenter une proposition de loi, comme ici.

Bref, nous avons essayé de mettre de l’humour là où le débat fut dramatique, notamment lorsque les élus rapportèrent la peine des bergers à voir le troupeau décimé.

I

Portfolio

Loups en France, protégés

Notes

[1Une louverie est un lieu abritant les équipages employés à chasser le loup, qui a d’ailleurs donné son nom au Louvre.

[2Pour une analyse détaillée des rapports de l’homme et du loup au cours des siècles surtout dans les conséquences économiques de leur rivalité, lire Jean-marc MORICEAU, l’homme contre le loup, une guerre de deux mille ans, Fayard 2011.

Forum

1 Message

  • Il ne faut pas crier au loup date forum, par Baudouin de Menten

    Bonjour Mme,

    « nous les écologiques, sommes totalement en minorité au Sénat » : je ne suis pas surpris, ce n’est pas un scoop. Je crois que vous pouvez remplacer « Australie » par Nouvelle-Zélande, ce sera plus correct.

    Il n’est pas nécessaire de publier ce commentaire. Par contre, j’aimerai que vous vous penchiez sur un projet de loi destiné à punir « l’appel à destruction d’espèce protégée », ce serait vraiment utile, vu le nombre de discours menaçant qu’on lit ou qu’on entend dans le monde pastoral...

    Bien à vous

    Baudouin de MENTEN écoconseiller écolo en Belgique Blog : La Buvette des Alpages +32495507895 La Buvette